"Que signifie "recevoir un prix" ? Non pas en général, mais pour moi ? Et pas n'importe quel prix mais celui qui porte le nom prestigieux, voire intimidant, de Marguerite Yourcenar ?” commence l'auteure, dont le premier roman Les armoires vides a figuré dans la sélection du Goncourt 1974. Un prix auquel Annie Ernaux n'a "jamais accordé beaucoup de confiance dans sa capacité à honorer la valeur littéraire”, malgré son "désir” de décrocher la prestigieuse distinction.
Des lecteurs reconnaissants
Mais, "en dix ans, toute pensée, tout désir d'avoir un prix m'avaient quittée”, écrit l'écrivaine, récompensée par le Renaudot 1984 pour La place (Gallimard), qui attendait pour "seule gratification” de la part de l'écriture que celle de "continuer à être publiée” et de la reconnaissance de ses lecteurs.
Cette distinction l'a poussé "à aller plus loin dans [son] engagement d'écriture”, à "ne pas construire un être d'écrivain mais dissoudre une vie dans l'écriture”, confie Annie Ernaux.
La remise du prix Marguerite Yourcenar "me paraît l'approbation d'une démarche d'écriture marquée par la liberté et la recherche. La reconnaissance d'une voie que Marguerite Yourcenar a illustrée d'une façon puissante, presque insolente dans sa sérénité. […] Je pense fortement à elle, Marguerite Yourcenar, qui s'est toujours sentie le maillon d'une chaîne au sein d'une nature dont les règles n'étaient pas séparées”, conclut l'écrivaine.