Difficile pour les personnes handicapées mentales d'avoir accès à des ouvrages adaptés. Sollicité par ses résidents, le foyer de vie Les Cattelaines, à Haubourdin (Nord), a mis sur pied le projet « Des livres et nous » pour répondre à leurs besoins. Ce projet s'articule autour d'une nouvelle médiathèque, inaugurée au sein du foyer en décembre dernier, et de la création de livres adaptés.
« Jusqu'ici, nous avions une petite bibliothèque dont le fonds était constitué de dons de livres destinés à des lecteurs adultes. Mais 80 à 90 % de nos résidents rencontrent de grandes difficultés de lecture et il n'existe quasiment rien pour eux », explique Carole Laviéville, directrice des foyers de vie de l'association Papillons blancs de Lille, dont Les Cattelaines fait partie.
L'équipe du foyer de vie travaille avec la Médiathèque départementale du Nord pour assurer le prêt des ouvrages et former quatre de ses résidents au métier de bibliothécaire. « L'objectif est de leur laisser la gestion de la médiathèque », souligne Carole Laviéville.
Avec le concours financier du Centre national du livre et de la Fondation du Crédit mutuel, le lieu accueille une fois par semaine des ateliers d'écriture et d'illustration, respectivement animés par Brigitte Adgnot et Philippe Delestrez, afin que les résidents élaborent eux-mêmes leurs ouvrages adaptés. Le foyer de vie des Cattelaines a fait également appel au lycée professionnel d'Hautmont pour créer des prototypes de livres sonores équipées d'un système de puces électroniques que les résidents pourront actionner pour écouter des textes.
Pour l'heure, ce « projet modeste » rencontre un franc succès au sein des Cattelaines. « Nous sommes surpris car beaucoup de résidents viennent spontanément », déclare la directrice des foyers de vie des Papillons blancs de Lille. A terme, l'association aimerait développer le projet « Des livres et nous » au sein de ses 43 établissements « qui accueillent au total 2 500 personnes, de la petite enfance à l'âge adulte » et, pourquoi pas, l'exporter en dehors de ses murs.
« Notre petite initiative fait émerger un vrai manque, constate Carole Laviéville. Nos interlocuteurs dans le monde du livre reconnaissent que les personnes en situation de handicap mental ne sont pas un public auquel ils pensent. »