Un public en «Correspondances»

Olivier Adam devant le public des Correspondances © François-Xavier Emery

Un public en «Correspondances»

Les résultats de l'enquête sur le public des Correspondances de Manosque, menée par la sociologue Gisèle Sapiro et ses étudiants, ont été dévoilés lors de la 14e édition de la manifestation.

Par Michel Puche
avec mp, de Manosque Créé le 15.04.2015 à 23h36

Dans ce festival manosquin, qui a le goût de la «performance» et qui aime croiser la littérature avec le théâtre et la musique, en conviant des comédiens pour des lectures ou des chanteurs pour des concerts littéraires, la motivation principale du public reste on ne peut plus limpide: «Rencontrer les auteurs»... Les apéros littéraires et les concerts payants attirent aussi, mais secondairement.

C'est là l'un des premiers enseignements à tirer de l'enquête menée en septembre 2011 par Gisèle Sapiro et cinq de ses étudiants, dont les résultats (1) ont été présentés à Manosque samedi lors d'une rencontre professionnelle programmée dans le cadre de la 14e édition.

D'une moyenne d'âge de 51 ans, le public ici est essentiellement féminin (7 sur 10), constitué en majorité de cadres (5 sur 10), venu pour la plupart de la région Paca (7 sur 10). Un quart des questionnés assistait au festival pour la première fois; deux sur dix y venaient depuis plus de dix ans et la moitié en était à sa quatrième édition. Un sur deux reste au moins trois jours à Manosque. Cela traduit une belle assiduité pour cette manifestation dont le public s'est constitué «par sédimentation», explique son directeur Olivier Chaudenson. Plus réjouissant encore, sans doute, pour les organisateurs: la pratique s'intensifie avec la fidélité au festival. Le nombre d'événements auxquels les visiteurs ont prévu d'assister augmente avec leur ancienneté de festivalier.

«Ce sont les fractions les plus dotées en capital culturel qui sont les mieux représentées parmi la population des enquêtés», constate Gisèle Sapiro. Ce public «averti, fidèle à la manifestation, y trouve une proposition correspondant à ses attentes. Cependant, il se compose aussi de festivaliers moins dotés en capital scolaire et en capital littéraire. En effet, par sa localisation sur plusieurs sites et par le nombre d'événements gratuits situés dans des espaces ouverts, le festival réduit les effets de la sélection sociale. Ce qui prouve qu'une proposition exigeante n'est pas nécessairement exclusive, pourvu que les moins dotés culturellement se sentent “autorisés” d'y participer».

Rajoutons à cette enquête que le public des Correspondances fréquente bien sûr les librairies de Manosque. Au Poivre d'âne, chez Jean-Christophe Desfilhes, qui voit dans cette manifestation «un festival intelligent», cela se traduit par une cinquième semaine de chiffre d'affaires en septembre. Au Petit Pois, chez Véronique Pénalva, le CA moyen de la semaine est alors multiplié par trois.

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(1) Enquête réalisée lors des 13es Correspondances de Manosque, en septembre 2011, à partir de 460 questionnaires exploités. Une mise en ligne des résultats est prévue fin octobre sur le site des Correspondances de Manosque.
15.04 2015

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