Un renouveau des SS2I

« Les prestataires extérieurs évoluent plus vite. » Romain Plyer, Les Librairies ensemble - Photo OLIVIER DION

Un renouveau des SS2I

Depuis deux ans, deux nouveaux acteurs se sont invités sur le marché des logiciels de gestion en librairie, historiquement réparti entre quatre opérateurs.

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Par Cécile Charonnat
Créé le 27.06.2019 à 17h23 ,
Mis à jour le 28.06.2019 à 00h00

Concentré le marché de la prestation informatique en librairie ? « On est sur un quasi-monopole, confirme Leslie Véga, directrice du service de remplacement des Libraires volants à Paris. C'est très visible lorsque des porteurs de projets de librairie demandent des conseils pour choisir leur équipement. Leurs futurs confrères leur recommandent toujours les mêmes logiciels, en pointant leurs défauts, mais personne ne pense à aller voir s'il existe autre chose ailleurs. »

Pourtant, depuis deux ans, deux nouvelles solutions ont fait leur apparition sur le marché. Exploités respectivement par Leslibraires.fr, qui appartient à la librairie Dialogues à Brest, et par la société suisse CDI, qui équipe la moitié des libraires helvètes et Mollat en France, G-stock et Bookshop tentent de se faire une place à côté des prestataires historiques que sont TMIC (logiciel Ellipses), Tite-Live (Médiablog), Praxiel (Inférence) et 2DCom (Librisoft). A l'origine développés, ou adaptés, pour une seule librairie, ces nouveaux venus équipent aujourd'hui une quinzaine de points de vente, comme Ici à Paris, L'Armitière à Rouen ou L'Esperluette à Chartres, et cherchent à séduire là où leurs concurrents font défaut. En proposant des solutions entièrement en ligne, ils misent par exemple sur la légèreté, la mobilité et la souplesse. Et permettent également une réduction sensible des coûts. Accessibles depuis n'importe quel navigateur web, G-stock et Bookshop économisent la présence d'un serveur dans les gros magasins et la nécessité du poste fixe. « Posséder une bonne connexion Internet est la seule contrainte que nous exigeons, explique Andrée Berra, responsable commerciale et projets de CDI en France. Il suffit d'un ordinateur portable pour commencer à utiliser Bookshop. »

Autre préoccupation de ces deux acteurs, coller à l'évolution du métier. G-stock offre l'interopérabilité avec d'autres plateformes, qui permet la remontée de stock vers les différents portails Internet et l'Observatoire de la librairie, tout comme l'intégration de la dématérialisation des factures, des avis d'expédition, de PNB ou de la plateforme Chorus, qui permet d'envoyer les factures aux collectivités et de percevoir les règlements plus rapidement. « Ce sont des services indispensables aux libraires aujourd'hui, qui leur permettent d'engranger des gains économiques certains, défend Nina Stavisky, directrice commerciale des Libraires.fr. Le but de nos solutions reste d'accompagner la profession, de créer des outils adaptés et de ne surtout pas en être l'élément limitant. »

Performantes techniquement, les SS2I historiques, qui ont contribué à la structuration informatique du métier, essuient parfois les reproches des libraires, qui les trouvent coûteux et pas assez à l'écoute de leurs demandes. « Cette image provient sans doute d'une forme de routine qui s'est installée chez les SS2I, analyse Nina Stavisky, qui a travaillé chez Tite-Live avant de s'occuper de l'Observatoire pour le Syndicat de la librairie française et de rejoindre Leslibraires.fr. Comme chaque développement demandé par les libraires a donné lieu à des devis faramineux, cela a conduit ces derniers à ne plus demander quoi que ce soit, même des services indispensables à leur métier. »

Pour contourner le problème, certains libraires sont allés chercher à l'extérieur de nouveaux services. Pour leur programme lié à la relation client et à la carte de fidélité, les Libraires ensemble ont fait appel à Gowento, une société spécialisée dans la communication par les smartphones, qui a travaillé avec Relay ou la Fnac. « Sur certains points, des prestataires extérieurs au milieu de la librairie évoluent plus vite. C'est pour cela qu'il est plus intéressant d'aller les chercher », confirme Romain Plyer, secrétaire général des Libraires ensemble. Une manière aussi de nouer des relations plus équilibrées. Clients de ces prestataires, les libraires ont eu tendance à reproduire avec leurs SS2I les rapports entretenus avec les diffuseurs. « C'est oublier qui doit être au service de qui », affirme Nina Stavisky, qui promet, chez Leslibraires.fr, une adaptation aux besoins spécifiques de chacun.

27.06 2019

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