GENÈVE

Photo DELFIKPROD/SALON DU LIVRE DE GENÈVE

Avec 92 000 visiteurs, le Salon du livre et de la presse de Genève, organisé du 25 au 29 avril à Palexpo et présidé pour la première fois par Isabelle Falconnier, a enregistré une hausse de 10 % de sa fréquentation par rapport à l'an passé, retrouvant les niveaux qui étaient les siens au cours des années 2000, avant le départ de son fondateur, Pierre-Marcel Favre. Les professionnels veulent y voir un signe encourageant tant pour le salon, remis en cause après les contre-performances de 2011, que pour le marché. S'appuyant sur une dynamique événementielle, la relance de la manifestation, qui s'est traduite pour certains exposants dans leurs chiffres de vente (Servidis annonce une progression de 11 % de son CA, Gallimard un retour à ses niveaux de la fin des années 2000...), vient enrayer l'enchaînement de mauvaises nouvelles enregistrées depuis un an. Parmi celles-ci figurent bien sûr le rejet d'une loi instaurant un prix unique du livre, mais aussi la stabilisation d'un franc suisse fort suscitant une fuite d'achats vers la France et des replis de chiffres d'affaires de plus de 10 % en raison des baisses de prix générées par la réduction des tabelles des diffuseurs suisses. Dans le même temps, la décision de Payot et, semble-t-il, de la Fnac, de s'approvisionner directement en France, ainsi que celle de la Migros de fermer en 2013 sa centrale d'achat en Suisse romande pour confier la gestion de ses linéaires à un prestataire, suscitent de nombreuses interrogations quant à l'avenir des structures de diffusion-distribution locales. Pour Payot, qui négocie actuellement des ouvertures de compte auprès des diffuseurs français, un accord a été passé avec l'OLF, le leader de la distribution en Suisse romande, pour que ce dernier s'occupe de son back-office. Estimant que les premiers approvisionnements en France pourront débuter cet été, Pascal Vandenberghe, directeur général de Payot, assure que "cette solution est la seule pour récupérer de la marge ». Un enjeu pour le groupe qui cherche à séduire des actionnaires afin de sortir de la sphère Hachette, sa maison mère, et ainsi retrouver le soutien nécessaire à sa croissance, passant notamment par le déploiement de sa franchise Nature & Découvertes en Suisse alémanique. Comme le résume Jacques Scherrer, secrétaire général de l'Association suisse des diffuseurs, éditeurs et libraires, toutes ces évolutions marquent un tournant qui va obliger le marché du livre à se réorganiser. D'autant que la Commission de la concurrence (organisme fédéral), qui soupçonne les diffuseurs d'imposer des prix surévalués, a repris son enquête. Elle rendra ses conclusions cet été et pourrait alors contribuer à accélérer la réorganisation.

08.12 2014

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