ISRAËL

Une loi pour l'adoption du prix unique

Une loi pour l'adoption du prix unique

Après un fort lobbying français, le très libéral Israël est sur le point d'adopter une loi fixant le prix du livre en librairie et encadrant les droits d'auteur.

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avec Créé le 04.02.2015 à 12h39

Alors que la Suisse vote ce week-end sur le prix fixe du livre, Israël est lui aussi en voie d'encadrer ce dernier, y compris pour le numérique. Un texte de loi a été rendu public vendredi 2 mars dans le journal Haaretz. Une proposition portée par la ministre de la Culture, Limor Livnat, qui prévoit un prix unique du livre, fixé par l'éditeur, inscrit sur l'ouvrage et valable durant les dix-huit mois qui suivent la parution. Trois périodes promotionnelles sont accordées durant les fêtes de Tichri, de Pessah et lors de la Semaine du livre hébreu autorisant 10 % de réduction.

En Israël, même si le marché est dynamique avec 35 millions de livres vendus chaque année pour sept millions d'habitants, la situation des auteurs, éditeurs et libraires indépendants est au plus mal. En cause, les deux principales chaînes de libraires, Steimatzky et Tzomet (détenue par le principal groupe d'édition), qui sont en situation de duopole, contrôlant 80 % du marché. Elles pratiquent une guerre des prix qui affecte le secteur (1). Cette loi précise que "le livre est un produit à caractère culturel" et propose, pour la première fois, de réguler une industrie culturelle. L'autre pan de la loi fixe les droits d'auteur (8 % minimum du prix public sur les 6 000 premiers exemplaires vendus et 10 % au-delà).

La loi sera présentée en commission ministérielle, puis en lecture à la Knesset. Contrairement aux deux propositions de loi précédentes, "celle-ci a de grandes chances de passer, car elle est aboutie et portée par le gouvernement de Benjamin Netanyahou", explique Roselyne Dery, l'attachée pour le livre à l'ambassade de France en Israël. Le modèle français a influencé cette loi, à l'image de celle de Jack Lang. La France, via son ambassade, le CNL et le Bief, exerce un lobbying appuyé, depuis la venue en 2005 de Paul Otchakovsky-Laurens jusqu'à celle d'Antoine Gallimard l'an passé, en qualité de président du SNE (2), mais aussi les séminaires du Bief en France et en Israël ou le voyage de Jack Lang à Tel-Aviv.

(1) Voir LH 857, du 18.03.2011, p. 42.

(2) Voir "Antoine Gallimard, ambassadeur de la loi Lang en Israël", sur Livreshebdo.fr, publié le 23.2.2011.

04.02 2015

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