Comme les armées romaines, c’est en carré que s’avance la rentrée littéraire. Bien bordée, soigneusement encadrée, la nouvelle production monte à l’offensive tandis qu’au loin gronde le tonnerre. Sous le bouclier du prix unique du livre, les écrivains français peuvent continuer à se préoccuper de leurs rangs dans la course aux prix littéraires tandis qu’au dehors les cohortes d’auteurs américains et maintenant germaniques sont prêtes à en découdre avec le "Dark Vador" du XXIe siècle, pour reprendre l’expression du libraire Renny Aupetit.
Amazon aura alimenté le feuilleton littéraire de l’été. La classique partie de bras de fer entre fournisseurs et diffuseurs devient homérique tant il est évident, de part et d’autre de l’Atlantique, que ce sont les nouveaux modèles de production des œuvres culturelles qui sont en train de se jouer, comme nous l’expliquons dans ce numéro.
Les bibliothécaires passent également à l’offensive et pétitionnent à leur tour, mais cette fois contre leurs instances de tutelle qui n’ont pas cru bon de se déplacer à Lyon pour le congrès de l’Ifla, la fédération internationale des associations de la profession, qui se tenait cette semaine en France pour la première fois depuis vingt-cinq ans et qui a rassemblé 4 000 personnes. Une absence ressentie comme un camouflet alors même que dans sa vidéo, même pas sous-titrée en anglais, la ministre de la Culture répétait que 2014 était "l’année des bibliothèques".
La traditionnelle rentrée littéraire, elle, a commencé calmement. Les écrivains français n’ont pas encore signé de pétition. Fragilisés par la conscience désormais très concrète d’un monde en mutation, ils sont cependant particulièrement nombreux à mettre en abîme dans leurs romans la pratique de l’écriture et à questionner cet étrange "métier" et le pouvoir de la littérature.
Pour la deuxième année, Livres Hebdo offre aux libraires le magazine Que lire ? qui rassemble l’ensemble des articles que nous avons consacrés aux ouvrages parus et à paraître entre le 14 août et le 5 septembre. A partir du 29 août, ils pourront en faire cadeau à leurs meilleurs clients pour prolonger leurs conseils de lecture et nourrir encore davantage la discussion autour de ces livres qui portent toujours plus haut les couleurs de la création.
