9 octobre > récit France

Venise, il y était déjà venu une quinzaine d’années plus tôt. Lorsqu’il se promenait au bras d’une Havanaise bien plus jeune que lui. Le narrateur de Thierry Clermont est cette fois accompagné de Flore, "la trentaine finissante", dont le sourire l’enchante. Le journaliste et poète traîne ses guêtres du côté de San Michele, le seul cimetière à occuper toute une île, qu’il voit comme un "petit royaume des ombres". Y reposent Ezra Pound, Joseph Brodsky ou Igor Stravinsky. "Venise, inspiratrice éternelle de nos apaisements", dit l’épitaphe gravée en lettres d’or sur la sépulture d’un autre résident des lieux : Diaghilev, le maître des Ballets russes.

Notre guide prend son temps, ne perd pas une miette des beautés qui l’entourent. Le voici qui évoque la figure de Sonia Kaliensky, jeune Russe née dans la région de Koursk en 1885. Une blonde demoiselle qui s’est donné la mort dans la cité des doges en 1907, en plein carnaval, et aurait inspiré Alexandre Blok.

Fin lettré, amateur d’art et de peinture, le double de Thierry Clermont écoute les morts, traque les fantômes. Chemin faisant, il parle avec subtilité de Liliana Magrini qui avait traduit L’homme révolté de Camus en italien et qui a laissé des pages superbes sur Venise. Ou encore de Helenio Herrera, grand footballeur et entraîneur français originaire d’Argentine, inhumé lui aussi à San Michele. Le voyageur s’avère un promeneur élégant que l’on aime à suivre dans les dédales d’un lieu à la magie éternelle. Une fois terminé son livre au charme envoûtant, on le rangera avec soin dans sa bibliothèque, non loin de ceux d’Adrian Stokes et de Hugh Honour, autres éminents amoureux de Venise. Alexandre Fillon

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