Décédé mardi 22 mai à l’âge de 85 ans, "Philip Roth est vivant", comme l’a tweeté notre collaborateur Olivier Mony. Il a beau avoir décidé dès 2012 de cesser d’écrire après plus de trente romans publiés, il est même plus vivant que ce prix Nobel de littérature qu’on lui a si souvent promis, qu’il n’a jamais obtenu et qui, en pleine crise #MeToo, ne sera pas décerné cette année. Il est vivant par ses livres aujourd’hui largement remis en avant dans les librairies. Il est vivant parce qu’ils forment une œuvre totale embrassant tout à la fois les enjeux de l’époque, ceux du monde d’après la Shoah et de l’Amérique triomphante, et les questions identitaires qui le taraudaient et les percutaient. C’est d’ailleurs parce qu’il estimait l’avoir achevée, qu’il jugeait n’avoir plus rien à dire, que cet écrivain prolifique, pléiadisé l’an dernier, avait finalement décidé de poser le crayon dont il s’était pourtant saisi chaque jour avec constance tout au long de sa vie. Il est vivant, et avec lui la littérature qui, grâce aux éditeurs, aux libraires, aux bibliothécaires et aux lecteurs, circule par-delà le Styx.
Un éditeur a d’ailleurs choisi simultanément une formule inédite pour rendre hommage à un autre grand auteur disparu, de bande dessinée cette fois. Pour célébrer et garder vivante l’œuvre de William Vance, l’un des plus importants dessinateurs de BD réaliste (la série XIII, mais aussi Bruno Brazil ou Bob Morane), Dargaud et Le Lombard lui dédient dans Livres Hebdo une pleine page de promotion posthume.
A défaut de Philip Roth et de William Vance, la prochaine rentrée littéraire, sur laquelle nous levons le voile en commençant cette semaine, dans nos pages d’"avant-critiques", la chronique d’une première sélection de romans, d’essais, avec un roman graphique et un ouvrage pour la jeunesse, ne manquera pas de "pointures". Jérôme Ferrari, le prix Goncourt 2012, en sera avec A son image (Actes Sud) l’un des piliers aux côtés de Maylis de Kerangal, Serge Joncour, Alain Mabanckou, François Bégaudeau, Boualem Sansal, Adrien Bosc et - peut-être - Christine Angot, sans oublier les auteurs étrangers, Zadie Smith, Javier Cercas ou Salman Rushdie. Gauz, dont nous tirons l’"avant-portrait", emmènera les outsiders.
