Résidence d'Antoine Gallardo fondateur de la Boucherie Littéraire aux Métamorphoses à Douarnenez (Finistère) - Photo Les Métamorphoses
5 raisons d'organiser une résidence d'éditeur
On connaît les résidences d’écrivains, rétribués pour prendre le temps d’écrire. Mais il existe aussi des résidences pour les éditeurs, invités à se poser dans un nouveau territoire pour partager leur métier. Qu’y gagnent les éditeurs et leurs hôtes ? Témoignages.
Par
Fanny Guyomard Créé le
09.01.2024
à 11h45, Mis à jour le 22.01.2024 à 09h47
Dans quelques mois, Virginie Symaniac, l'éditrice du "Ver à soie" sera invitée en résidence dans une librairie du Finistère. Benoît Verhille, des éditions de La Contre allée, avait eu droit à la sienne en 2019, auprès de l'agence régionale du livre du Centre-Val de Loire. « Il y a des résidences d’auteurs. Pourquoi pas aussi des résidences d’éditeur ?! C’est difficile, pour eux aussi, de se poser et de mettre leur travail en perspective », interpellait-il. Éditeurs, libraires et bibliothécaires ont tous à y gagner. Témoignages.
1) Reconnaître le métier d’éditeur
Un premier intérêt, pour l’éditeur : la résidence lui apporte de la visibilité. « Auprès de festivals, de librairies, de réseaux de bibliothèques », énumère Benoît Verhille, qui a fait (re)découvrir sa maison des Hauts-de-France auprès d’acteurs du livre de Bourges, de Chartes ou encore de Tours.
C’est aussi l’occasion de faire mieux connaître le métier d’éditeur auprès du grand public. « Les rencontres d'auteurs en librairie sont communes. J'ai trouvé intéressant de remonter en amont de la chaîne du livre et faire découvrir au public comment se construit un livre », témoigne Valérie Caillaud, la libraire des Métamorphoses (Douarnenez) qui a invité Antoine Gallardo (La Boucherie littéraire) à s’y poser quelques jours. À la fin de la semaine, il a installé son étal de poésies devant la boutique pour sensibiliser les passants…
2) L’épauler dans son métier
… en gardant les gains de ses ventes. « Nous, les acteurs du livre, devons former un réseau de solidarité, libraires, éditeurs, auteurs », défend Valérie Caillaud, qui compte réitérer les résidences de petites maisons d’édition.
Benoît Verhille devait lui rencontrer des étudiants en édition, qui lui auraient donné leur avis sur le catalogue de sa maison. Mais le Covid a écourté le projet.
Rencontre à la Librairie l'Esperluète (Chartres) avec l'éditeur en résidence Benoît Verhille, en janvier 2020.- Photo CICLIC
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3) Lui donner du temps pour son travail personnel
Troisième intérêt d’une résidence : rétribuer l’éditeur pour un temps qu’il aurait difficilement pu s’offrir sur ses propres deniers. En 2023, les éditions du Soupirail ont ainsi travaillé à la Maison de la poésie de Rennes sur un florilège d’une quarantaine de poètes persans contemporains.
« Il s'agit d'un projet d'anthologie de textes traduits, donc qui demande beaucoup de temps de lectures et relectures, de discussions avec le traducteur, de choix des textes, donc de plongée dans la matière même des textes, et non simplement de mise en page et de commercialisation. Pour effectuer ce travail, l'éditrice avait besoin de temps. La bourse vient quant à elle en soutien à des maisons qui restent très fragiles économiquement », explique Quentin Leclerc, directeur de la Maison de la Poésie, également écrivain et traducteur. Une bourse de 2000 € pour un mois de résidence, incluant des rencontres tout public avec des bibliothécaires, des libraires, des éditeurs et des étudiants. Publication attendue pour 2024.
4) Profiter du bagage de l’éditeur
Les personnes entourant ces résidences y gagnent aussi. À Douarnenez, la prochaine résidente, Virginie Symaniac (Le ver à soie), proposera des ateliers sur la fabrication d’un poème à planter. Benoît Virot (Le Nouvel Attila), en résidence à Marseille à La Marelle, prenait du temps pour ses grands projets mais aussi pour dévoiler les coulisses de son travail.
5) Créer une dynamique professionnelle
L’éditeur en rencontre par ailleurs d’autres, qui confrontent leurs manières de faire. C’est aussi tout simplement l’occasion d’organiser une grande rencontre professionnelle. « Depuis la résidence de Benoît Verhille, des maisons d’édition du territoire se sont fédérées en association », applaudit le Ciclic Centre-Val de Loire.
« La résidence a permis de tisser des liens entre nos deux régions. J’étais le trait d’union », ajoute l’éditeur de la Contre-Allée. Qui conclut sur ce dernier apport de la résidence : qu’elle puisse en inspirer d’autres !
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