Diaspora interstellaire. Sur le vaisseau spatial Enkidu, le commandant Holt et son équipage sortent de leur hibernation. Ils sont partis 2 500 ans auparavant, en quête d'une planète susceptible d'accueillir une communauté de migrants. La civilisation terrienne a disparu à la suite d'une guerre cataclysmique, et de multiples tentatives ont été menées pour terraformer d'autres planètes. L'humanité a été dispersée et l'on ignore tout du sort des autres voyageurs. Les occupants du vaisseau recueillent des données qui indiquent que la planète Imir serait habitable. Les colons veulent y voir une sorte de paradis même si, en l'état, c'est une planète sans ressources où rien n'est comestible. La détermination de cette poignée de volontaires est époustouflante : chacun ne conçoit son destin que comme un don, voire un sacrifice, pour que s'épanouisse une future civilisation humaine. Holt résume ainsi ses convictions : « La civilisation humaine est différente. Et la différence est la seule ressource limitée dans l'univers, dont une si grande partie est désertique. » Mais alors que le vaisseau s'approche d'Imir, on détecte d'étranges signaux, qui indiquent peut-être une présence animale, à moins que ce ne soient des humains... Deux générations plus tard, on est plongé dans le quotidien des habitants de Terre-Neuve sur Imir. Liff, 26 ans, la petite-fille du commandant Holt est persuadée que celui-ci est toujours vivant alors que ses parents lui répètent qu'il est mort. L'entourage de la jeune femme s'inquiète de ses étranges visions. Elle converse avec des corvidés et passe ses journées à arpenter les sentiers à la recherche d'une mystérieuse sorcière dont personne n'a jamais cru à l'existence. Chez ce peuple de fermiers qui élèvent des cochons tout en cultivant la terre, on a d'abord pour obsession de se défendre contre les voleurs de bétail et de mettre en commun les récoltes, parce qu'on sait que la disette menace. Liff, elle, n'a de cesse d'engranger des connaissances sur l'histoire de l'humanité grâce à une institutrice mystérieuse, dont on se demande si la présence à Terre-Neuve a vraiment pour objectif de servir la communauté. Les dirigeants le pressentent : l'écosystème d'Imir est en train de se modifier et des étrangers ont réussi à s'infiltrer parmi la population... Pourtant, dans l'ombre, des forces veillent en secret à sauver ces derniers humains.
Ce roman hybride et composite du Britannique Adrian Tchaikovsky qui mêle plusieurs strates − temporelles et spatiales − d'une même histoire, celle de la diaspora humaine dans l'espace, alterne des épisodes de voyages interstellaires à bord de vaisseaux et la routine sur la colonie d'Imir. Au fil du récit, on navigue entre le conte et le space opera. L'existence des personnages est conditionnée par des technologies parfois terrifiantes, mais ce sont les superstitions qui orientent leurs choix et leurs actes. Dans le berceau du temps est une œuvre de science-fiction atypique et vertigineuse, qui boucle une brillante trilogie commencée par Dans la toile du temps et Dans les profondeurs du temps (Denoël 2018 et 2021), et récompensée par le prix Hugo 2023 de la meilleure série littéraire.
Dans le berceau du temps
Denoël
Traduit de l’anglais par Henry-Luc Planchat
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 25 € ; 480 p.
ISBN: 9782207169179