C'est par ces mots, non dénués d'humour, qu'Alain Finkielkraut a entamé jeudi 28 janvier son discours de réception à l'Académie française (à télécharger dans son intégralité ci-contre), après avoir lu, en guise de préambule, des propos du romancier et collaborationniste Félicien Marceau, à qui il succède au fauteuil 21.
Revenant non seulement sur son patronyme mais aussi sur ses origines, le philosophe controversé, dont l'élection sous la Coupole en avril 2014 avait fait grincer quelques dents, a dit dans son discours tout son amour pour la France, sans manquer d'évoquer les critiques dont il fait souvent l'objet dans les médias. "J’ai découvert que j’aimais la France le jour où j’ai pris conscience qu’elle aussi était mortelle, et que son "après" n’avait rien d’attrayant. Cet amour, j’ai essayé de l’exprimer dans plusieurs de mes livres et dans des interventions récentes. Cela me vaut d’être traité de passéiste, de réactionnaire, voire pire", a ainsi affirmé Alain Finkielkraut, avant de se livrer à l'éloge de son précédesseur, relevant l'ironie de la situation et se décrivant comme un "défenseur exalté de l’identité nationale, oublieux de ses origines vagabondes et astreint à faire l’éloge d’un collabo".
Quelques minutes après, l'académicien Pierre Nora s'est livré à l'exercice de la réponse, comme le veut la tradition, évoquant longuement dans son discours (téléchargeable ci-contre) la carrière et l'œuvre d'Alain Finkielkraut. "L’homme que nous avons élu, c’est le représentant de la haute culture qui contribue à faire vivre en France le débat intellectuel sous sa forme la plus digne", a-t-il salué, "l’auteur du Cœur intelligent, votre plus beau livre à mon goût, cet hymne aux grandes œuvres contemporaines, qui nous délivrent la vérité de notre temps et la vôtre."