L’immortel Gabriel de Broglie n’est plus. Historien, juriste et membre de l’Académie française depuis 2011, il s’est éteint mercredi 8 janvier à l’âge de 93 ans, ont annoncé l’Institut de France ainsi que l’Académie.
« Le décès du chancelier honoraire Gabriel de Broglie nous laisse profondément attristés », a écrit le chancelier, Xavier Darcos, sur le site internet de l'Institut. « Pour nous tous qui l'avons bien connu et aimé, Gabriel de Broglie n'était pas simplement ce serviteur de l'État impeccable, courtois et actif. Il fut d'abord et avant tout un historien, un linguiste, un bibliophile, un homme de vaste culture. Ses livres consacrés à l'orléanisme, à la Monarchie de Juillet ou à Guizot font autorité », a-t-il ajouté.
De multiples présidences
Diplômé de Sciences Po Paris et de l’ENA, Gabriel de Broglie avait ensuite intégré le Conseil d'État, avant de rejoindre divers cabinets ministériels sous les présidences de Charles de Gaulle et Georges Pompidou, de 1962 à 1971.
Il a occupé les fonctions de directeur général adjoint de l'ORTF entre 1971 et 1974, avant de prendre la direction générale de Radio-France de 1975 à 1979. Après cela, Gabriel de Broglie a présidé, jusqu’en 1981, l'Institut national de l'audiovisuel. L’année suivante, il a intégré la Haute autorité de la communication audiovisuelle, ancêtre de l'actuelle Arcom jusqu’en 1986.
Cette expérience l’a conduit à prendre les rênes de la Commission nationale de la communication et des libertés jusqu’en 1989 puis, pendant une décennie complète à partir de 1996, celles de la Commission générale de terminologie et de néologie.
Immortel depuis 2011
Entre 2006 et 2017, Gabriel de Broglie assure ensuite les fonctions de chancelier à l’Institut de France. En 2014, l'ouvrage de Daniel Garcia intitulé Coupole et dépendances – enquête sur l’Académie française (Éditions du Moment) se penche sur la gestion présentée comme opaque du patrimoine de l'Institut.
Au moment de la polémique, Gabriel de Broglie est déjà membre de l'Académie française, où il a été élu en 2011, au fauteuil 11, où avaient siégé avant lui l'homme politique Alain Peyrefitte, l'écrivain Paul Morand et l'avocat Maurice Garçon. Issu d’une famille célèbre de la noblesse française, l’immortel a également succédé à quatre autres de ses aïeux, Victor, Albert, Maurice et enfin Louis de Broglie, qui y avaient trôné entre 1855 et 1987.
Sa première publication, en tant qu'auteur, remonte à 1972. Il s'illustrera par la suite chez Perrin (Histoire politique de la Revue des deux mondes, 1979), Gallimard (Le Français pour qu'il vive, 1987), Fayard (La monarchie de Juillet, 2011) ou encore aux éditions Tallandier (Impardonnable 20ᵉ siècle, 2017).
L'Académie française compte, après ce décès, 36 membres. Quatre fauteuils sont à pourvoir, dont un qui est vacant depuis septembre 2021.