Avant-critique Roman noir

Seine de crime. 1934 : en ce temps-là, le Front à venir est populaire, plus solidaire que national. Tout n'est pas rose mais les espoirs gonflent et le rouge prend de l'éclat. Les travailleurs ruent, demandent des comptes et leur part d'un gâteau industriel dont ils portent la prospérité à bout de bras. Mais le grand soir est encore loin et les sales et ancestrales pratiques patronales font de la résistance, plus encore pour les ouvrières que pour les ouvriers. Le corps de l'une d'entre elles remonte d'ailleurs en surface, en amont du pont d'Austerlitz. Elle a le bout des doigts râpé, ce qui dirige les investigations du commissaire Bornec vers les toutes proches forteresses d'une industrie sucrière en pleine spéculation lucrative. Le synopsis est bouclé, classique, porté par un style très sobre, quasi journalistique, formaté pour la rubrique faits divers, et donc parfaitement raccord avec la profession de l'autre protagoniste du livre, Gabriel Funel, rédacteur à l'Humanité des Cachin, Nizan ou Vaillant-Couturier. L'utilisation de quelques mots désuets, agrégés pour porter haut cette belle illustration des prémices du Front populaire, nous emporte de l'insalubre cité Jeanne-d'Arc d'hier jusqu'à des luttes syndicales toujours en cours.

Pour son premier roman, possible volet inaugural d'une série historique, Alexandre Courban, lui-même conseiller délégué aux anciens combattants, à la mémoire et au patrimoine du XIIIe arrondissement de Paris, réussit une fresque amène et authentique.

Alexandre Courban
Passage de l'avenir, 1934
Agullo éditions
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 23,50 € ; 240 p.
ISBN: 9782382461051

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