En 2013, le chiffre d’affaires de la librairie allemande s’est stabilisé. En tête des plus importants circuits de distribution, le site allemand d’Amazon est suivi de l’enseigne Thalia, de Weltbild puis de Hugendubel.
Ces quatre acteurs majeurs forment le groupe des "leaders du marché" dans la nouvelle classification adoptée par Buchreport. Depuis vingt-cinq ans, notre confrère d’outre-Rhin dressait scrupuleusement un classement annuel des cent premières librairies de l’espace germanophone. Cette année l’hebdomadaire a jugé que l’exercice avait ses limites. Il a remisé ses outils de mesure traditionnels pour présenter une tout autre analyse du paysage de la librairie, procédant par grands ensembles. Plus de classement, mais une présentation qui tient compte de la spécificité des différents réseaux de distribution afin de montrer plus justement l’évolution de chacun d’entre eux. Six grands secteurs ont été retenus : les leaders du marché, les filialistes régionaux, les filialistes multimédias, les grandes librairies "solistes", les points de vente dans les gares, les grossistes pour grandes surfaces multiproduits.
A partir du début des années 1990, le paysage de la librairie traditionnelle s’est déjà considérablement modifié avec l’agrandissement des superficies de vente et le développement des chaînes, qu’elles se nomment Hugendubel, Montanus, ou les enseignes de grands magasins Karstadt, Kaufhof ou Hertie. Au début des années 2000, la filialisation des enseignes s’intensifie, avec, en tête, la chaîne Thalia, branche livre particulièrement offensive de la holding Douglas, qui multiplie les surfaces de vente à coups de créations, de rachats et d’agrandissements. Suivent les librairies des groupes Weltbild et Hugendubel qui, via la holding DBH qu’ils créent, se hissent ensemble au 2e rang du classement des librairies. C’est aussi à partir de ces années-là que se développent progressivement les ventes en ligne, puis qu’apparaît le livre électronique, autant de nouveaux réseaux et de nouveaux supports qui vont modifier le marché en profondeur.
Domination des enseignes filialistes.
Dans la catégorie des leaders, Amazon Allemagne figure largement en tête des résultats 2013 de la librairie, avec un chiffre d’affaires livre situé entre 1,6 et 1,9 milliard d’euros selon les estimations de Buchreport, suivi de Thalia avec 1 046 millions d’euros (environ 300 filiales en Allemagne, Autriche et Suisse) : les filiales d’Allemagne enregistrent une baisse de 4 % à 700 millions d’euros, en grande partie due à la disparition de plusieurs magasins. La situation est encore plus complexe pour les deux acteurs suivants. En 2013, la holding DBH existait encore, mais le dépôt de bilan de Weltbild, le 10 janvier, a entraîné l’éclatement de cet ensemble, sept ans après sa création. Ramené à la situation actuelle, et alors que son sort n’est toujours pas scellé, Weltbild a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 830 millions d’euros avec ses 280 filiales, et Hugendubel réalise 390 millions d’euros (77 librairies et 18 corners dans les magasins Karstadt). A côté du secteur actuellement très perturbé des leaders du marché, les chaînes régionalistes se sont stabilisées, avec des accroissements d’activités réguliers pour les enseignes Osiander (+ 11,9 % à 61,7 millions d’euros) et Rupprecht (+ 11,9 % à 33,9 millions d’euros). Alors que le livre reste le produit dominant des grandes enseignes régionalistes, il perd progressivement du linéaire dans les chaînes de produits multimédias que sont l’autrichien Libro (- 3 % à 83,9 millions d’euros) et le suisse Ex Libris (- 14 % à 37 millions d’euros). Malgré le maillage du territoire par les enseignes filialistes, quelques grandes librairies « solistes » résistent avec néanmoins des progressions proches de la stagnation : Dussmann à Berlin (40 millions d’euros), Wittwer à Stuttgart (28,6 millions d’euros), Stern-Verlag à Düsseldorf (27 millions d’euros).
Dans le secteur des points de vente dans les gares, les résultats sont également contrastés : Valora Retail Deutschland (165 points de vente) recule de 5 % à 37 millions d’euros, pendant que Schmitt & Co (81 points de vente) progresse de 2,7 % à 27,1 millions d’euros. Enfin, Buchreport introduit dans son analyse le comportement des grossistes, spécialistes du rack-jobbing, qui servent les grandes enseignes multiproduits du type Metro. Buchpartner arrive en tête (100 millions d’euros), suivi de Best of Books (30 millions d’euros). <