En 2015, le chiffre d’affaires (CA) des trois principales filiales opérationnelles d’Amazon en Europe a atteint 23,3 milliards d’euros, en hausse de près de 25 % par rapport à l’année précédente, selon les bilans disponibles au Registre du commerce du Luxembourg, où la multinationale américaine a installé son siège sur le vieux continent. Cette forte hausse n’apparaît pas dans les comptes consolidés du groupe annoncés fin janvier, en raison de l’effet de change défavorable à l’euro et faute de précision dans la présentation.
L’activité du groupe est enregistrée dans trois filiales: l’une encaisse les ventes de biens sur les sites européens, l’autre les ventes de la régie publicitaire numérique, et la dernière le paiement des services fournis aux revendeurs utilisateurs de sa marketplace. Cette filiale est la plus dynamique : son CA bondit de 58 %, à 3,9 milliards d’euros, conséquence à la fois de l’attraction de la marketplace d’Amazon qui prélève une commission d’environ 15 % sur les ventes, et des ouvertures de centres d’expédition dont les services sont proposés à ces marchands. Alors que la Commission européenne (CE) tente de faciliter les ventes transfrontalières dans l’Union via Internet, le groupe américain a déjà atteint cet objectif en s’imposant comme tiers de confiance entre clients et revendeurs indépendants.
Le CA de la principale filiale européenne, Amazon EU, par où transitent notamment les ventes de livres imprimés, non précisées, a progressé de 20 %, à 18,6 milliards d’euros. Celui d’Amazon Media (publicité) a quasi stagné à 735,3 millions d’euros (+ 1,8 %). L’activité d’Amazon Web Services, filiale très rentable en plein développement qui propose notamment du stockage numérique (cloud) n’est pas précisée. Seul son résultat est mentionné : à 20,8 millions d’euros, il est presque 7 fois supérieur à celui de 2014.
Le résultat global est plus difficile à interpréter, en raison des multiples transactions internes. Le bénéfice total des filiales opérationnelles atteint 658 millions d’euros, pour 110,5 millions d’euros d’impôts. Un montant jamais vu dans les filiales luxembourgeoises, alors qu’Amazon est toujours sous le coup d’une enquête fiscale de la CE, dont il anticipe peut-être la conclusion. Mais la holding principale accumule toujours les profits nets d’impôt, à 2,27 milliards d’euros au total. Hervé Hugueny