Angot, Stockett : les personnages contre-attaquent

Kathryn Stockett

Angot, Stockett : les personnages contre-attaquent

Alors que Christine Angot est accusée par le personnage principal de son dernier roman d'avoir attenté au respect de sa vie privée, une affaire similaire secoue les Etats-Unis autour du best-seller La couleur des sentiments.

avec mlk Créé le 21.01.2014 à 10h18

En pleine “affaire Angot”, où la romancière se voit accusée par l'ex-femme de son actuel compagnon d'avoir utilisé des informations privées et familiales dans son dernier roman Les petits, c'est au tour d'un autre “personnage” de se soulever contre son auteur : la nurse de La couleur des sentiments, best-seller vendu à plus de deux millions d'exemplaires aux Etats-Unis, se rebiffe.

Ce roman historique, paru en français en septembre dernier aux éditions Jacqueline Chambon, retrace l'histoire de nurses noires, dont celle d'Aibileen Clark, dans le très ségrégationniste Mississippi des années 1960.

En lisant le roman, Ablene Cooper, personne bien réelle, qui a travaillé pour le frère de la romancière, s'est reconnue dans le personnage d'Aibileen et a trouvé le portrait “injurieux”. Elle a décidé de porter plainte contre l'auteur, citant à titre d'exemple de l'humiliation subie un extrait dans lequel le personnage d'Aibileein compare sa peau à celle d'un cafard.

Des coïncidences troublantes

Bien avant la polémique, l'auteur avait déclaré s'être inspirée de sa propre nurse Demetrie, sans faire allusion à Ablene Cooper. Cette dernière réclame 75 000 dollars, “une somme stratégique,
commente le New York Times, puisqu'elle empêche que l'affaire soit portée devant la Cour fédérale”.

Pour l'éditrice américaine de Kathryn Stockett, Amy Einhorm : “Il s'agit d'une oeuvre de fiction magnifiquement écrite” et la plainte serait donc “sans fondement.”

Aux éditions Jacqueline Chambon, qui venaient d'apprendre la nouvelle, on souligne que cette plainte tombe quelques mois avant la sortie de l'adaptation cinématographique du livre.

Dans l'affaire Stockett comme dans l'affaire Angot, l'enjeu sera de déterminer si l'oeuvre de fiction porte atteinte ou non à la vie privée d'une personne.

“Tout romancier a le droit de faire un roman de sa vie, quitte à tordre le cou aux faits les plus têtus, écrivait Pierre Assouline dans Le Monde du 17 février. Il n'a de compte à rendre qu'à lui-même puisque la fiction est le territoire de la liberté de l'esprit. Mais s'il exploite la vie des autres, il doit envisager la révolte de ses personnages.”

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