Pas franchement partant, François Roussel, quand Marion, sa collègue prof de philo, lui propose un atelier d’écriture avec des élèves de terminale. Il va pourtant accepter. En un temps limité, chacun, y compris les deux profs, se plie à une consigne d’écriture. Une seule règle : pas de jugement, surtout pas négatif. Pas de conseils non plus.
Léo, Maxime, Valentine, Nina et les autres répondent présent. Au début, intimidés, tous se regardent en chiens de faïence. Les tables sont en U, pas moyen de se défiler ! Léo, le discret, est pris de douleurs "abdominables" et envie Valentine, la puissante, la populaire, dotée d’une autorité naturelle. Les consignes tombent, de plus en plus pointues : se glisser dans la peau d’un élève d’une ancienne photo de classe de terminale, choisir un objet fétiche apporté par l’un des participants, et raconter.
Au fil des séances, les identités sociales et les apparences se font la malle. Seuls demeurent les êtres mis à nus. Maxime le fayot, le bon en tout, n’écrit rien pour la première fois de sa vie. Copie blanche ! Valentine "la grosse", la froide, la passionaria des meetings politiques, va jusqu’à essuyer une larme. Du jamais vu ! Elle avouera être enfermée dans une "colline de chair" qui lui sert de carapace. Et Boris, le gars sans charisme qui se confond avec la couleur des murs et qui est moyen en tout, vient d’écrire un texte à chialer où il se projette en 2038 dans la peau d’un homme-chamallow interviewé par des journalistes. Venus en fait pour son copain de lycée devenu célèbre. Un livre polyphonique qui dit le pouvoir immense de l’écriture. Fabienne Jacob