« Il fait beau mais on ne passe pas l'été dehors. » Voilà qui résume bien les « vacances » de Monelle et Yves Mandagot, propriétaires de la librairie généraliste Le Parefeuille à Uzès (Gard).
Ville de 8 500 habitants, nichée entre les Cévennes et le Lubéron, sa population triple en été. Elle attire, en plus de ses habitués et des vieilles familles possédant des résidences secondaires, de nombreux touristes souvent amateurs de patrimoine et de vieilles pierres. Ce sont eux « qui furètent dans la librairie et sont demandeurs de fonds », note Monelle.
Pour répondre à cette clientèle à la fois fidèle, curieuse et nombreuse, juillet et août sont parmi ses mois les plus forts de la librairie, Monelle travaille principalement son fonds, de la littérature aux sciences humaines. Elle prépare ses commandes en mai afin de recevoir et de mettre en place les livres dès le mois de juin. D'environ 15 000 références dans l'année, son stock augmente de 20% pendant cette période.
« Proposer autre chose que de la vente pour créer l'envie »
D'ordinaire, elle anime sa librairie en mettant en avant un éditeur ou une collection. L'année dernière, elle avait construit une vitrine, relayée en magasin, autour du Serpent à plumes et du « petit mercure ». Cette année, si elle poursuit l'aventure avec Actes Sud, qui fêtent leurs 30 ans, « pour les remercier du travail qu'ils font », elle s'est attachée à travailler autour des évènements qui ont lieu dans la ville, à l'instar de sa vitrine « Aire libre », la collection de l'éditeur Dupuis, pendant le festival de BD qui a lieu début juillet. « Cette vitrine a fait rentrer beaucoup de monde dans la librairie et nous avons vendu plus de BD que l'année dernière », se félicite t-elle.
Elle travaille également autour des rencontres qu'elle organise dans sa librairie. Sempé, Nicole Boulaya (Cargo solo, éditions Pimientos) et Michèle Gazier (Un soupçon d'indigo, Seuil), ainsi que le photographe Stanley Greene. « L'animation est la seule façon pour les libraires d'être visibles. Il nous faut proposer autre chose que de la vente pour créer l'envie chez les gens », affirme t-elle.
'Fred Vargas n'a plus besoin d'être défendue'
Histoire d'allécher un peu le chaland, elle propose aussi à ses lecteurs de découvrir les auteurs peu connus de la future rentrée littéraire. Elle réserve dune table où elle met en avant leurs précédents livres. Y figurent en bonne place Delphine Coulin avec son premier roman Les traces, (LGF) et Amanda Sthers avec Chicken Street chez Points. Elle y fait également quelques piles avec les livres de l'année qu'elle a particulièrement aimé, comme Dinaw Mengestu (Les plus belles choses que porte le ciel, Albin Michel) ou Fabrizio Gatti (Bilal sur la route des clandestins, Liana Lévi). Ces livres se retrouvent dans ses meilleures ventes, en compagnie de Fred Vargas, « qui n'a plus besoin d'être défendue », s'amuse Monelle. Elle vend également plus de poches et son rayon polar est très sollicité.
Même si l'activité est débordante, Monelle se débrouille avec son époux et son libraire. Elle attend octobre pour faire ses retours, et préfère se concentrer sur la rentrée littéraire et la manifestation qu'elle organise chaque année en décembre. Cette année, le thème est la recherche des mondes perdus. Elle n'a pas encore choisi la quinzaine d'écrivains ni l'éditeur qu'elle accueillera, mais a déjà repéré quelques merveilles pour la rentrée, qui orienteront sans doute son choix : Jérusalem, de Gonçalo M. Tavalès, chez Viviane Hamy, La meilleure part des Hommes de Tristan Garcia chez Gallimard, « premier roman qui porte un regard extrêmement fin sur la fin des années 80 et le sida » et Saint Denis bout du monde de Samuel Zaoui, aux éditions de l'Aube.