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Avec l’Algérie, les relations d'affaires en chute livre

Auteur d'Houris, Kamel Daoud n'est pas le bienvenu en Algérie, pas plus que son éditeur Gallimard - Photo Olivier Dion

Avec l’Algérie, les relations d'affaires en chute livre

L’annulation du stand Gallimard au Salon du livre d’Alger marque une étape importante dans la dégradation des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie, dont pâtit le secteur du livre depuis plusieurs années.

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Par Éric Dupuy
Créé le 10.10.2024 à 19h32

Après s’être vu refuser la participation de Gallimard au prochain Salon du livre d’Alger (SILA) prévu début novembre en Algérie, Madrigall a décidé d’annuler la venue des autres marques prévues du groupe, Casterman et Flammarion, a appris Livres Hebdo auprès de la direction du groupe familial.  

Les clients des filiales de distribution du groupe, Sodis et UD, ne sont pas concernés par ce boycott du groupe qui intervient quelques jours après la notification des autorités du salon.

A un mois du 27e SILA, qui démarre le 6 novembre à Alger, Gallimard a reçu par courrier une interdiction d’y exposer par les organisateurs algériens, « sans qu'on nous ait donné de raison », a fait part à l’AFP un porte-parole de la maison d’édition.  

D’aucuns y voient l’intention des autorités algériennes de ne pas accueillir la maison d’édition du franco-algérien Kamel Daoud, dont le dernier roman Houris revient sur la guerre civile en Algérie entre 1992 et 2002 et est interdit de publication sur le territoire.

Regrets du Syndicat national de l'édition

Le Syndicat national de l’édition (SNE) a réagi à cette interdiction en regrettant « vivement cette exclusion », assurant dans son communiqué que « la circulation des livres et de leurs auteurs est une préoccupation constante entre la France et l'Algérie ».  

Cette interdiction intervient un an après le refus de visa d’Annie Ernaux, autre tête d’affiche de Gallimard, pour se rendre à cette même manifestation en 2023, alors que les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France sont des plus froides et que l’industrie éditoriale en souffre.

« L’exportation de livres vers l’Algérie a chuté de 70 % en dix ans », rappelle à Livres Hebdo Olivier Aristide, directeur général de la Centrale de l’édition. Cette chute est liée notamment à la création par le gouvernement algérien de nouveaux et nombreux comités de régulations pour donner des autorisations préalables à l’importation de livres.

« Avant, la censure opérait sur les livres jeunesse et la littérature, précise-t-il, mais depuis quelques années, c’est élargi notamment au scolaire et parascolaire ». Problème, ces comités décrétés ne sont pas forcément mis en place. Résultat, « aucun livre scolaire français n’a été livré en Algérie en 2023 ».

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