Retrouvez l'ensemble des tableaux présentant la production 2023 ici, où dans les documents liés, à gauche de cet article.
Bilan de la production 2023Annoncée depuis mi-2022 par la majorité des éditeurs faisant face à l'inflation et au fléchissement des ventes, la baisse de la production est effective pour la deuxième année consécutive, et cette fois bien sensible. En un an, elle a baissé de 5,7 % à 63 565 titres, retrouvant un niveau jamais atteint depuis 2007, hors année exceptionnelle de 2020. Avant la période Covid, la production a stagné pendant six ans autour des 68 000 titres, portée par l'accroissement exponentiel des mangas. Ce dernier segment, qui a connu en 2023 une baisse de ses ventes (voir Livres Hebdo no 39), a continué sa progression en nombre de titres de 16,2 %, tandis que celui de la BD a diminué de 3,2 %.
Paradoxalement, le roman stagne non loin de son niveau record de 2021, à 10 338 titres. Cette résistance est à mettre au crédit de la néo--romance, en vogue actuellement, car les dernières rentrées littéraires d'hiver comme d'automne ont accusé un déficit de titres similaire au fléchissement global et la littérature dans son ensemble baisse de 5,8 %. Dans le même temps, la production de nouvelles et romans étrangers a légèrement augmenté de 1,9 %, sans retrouver son niveau de 2019 (-5,3 % dans l'intervalle). Hormis ces relatives croissances, l'ensemble des autres segments marquent le pas, tel le livre pratique (-10,2 %). Pénalisé par une réduction de l'offre dans le domaine de la santé -, les sciences humaines et sociales (-11,4 %) ou la jeunesse (-11,6 %).
D'un côté, certains acteurs de la filière ont évoqué une surproduction ces dernières années, qui impacte l'environnement et entraînerait une perte de qualité, puisque les prescripteurs ne sont pas en capacité d'assumer toute l'offre. En plus du surcoût de fabrication, celui des invendus pèse également dans le résultat des distributeurs. Mais ce développement permet une augmentation de l'innovation. Dans sa théorie sur l'économie de l'attention, le prix Nobel d'économie Herbert Simon explique qu'une « abondance d'informations crée une rareté de l'attention et le besoin de répartir efficacement cette attention ». L'économie de la tension, favorisée par de nouveaux outils tels que l'impression à la demande ou le suivi en temps réel des ventes d'ouvrage, peut être vertueuse. À terme, baisse de la production ne veut donc pas forcément dire dépression.