Bruno Patino, jusqu'ici directeur éditorial de la chaîne Arte, en a été élu lundi président du directoire de la chaîne franco-allemande. Ex-directeur de Télérama et de France Culture, ex-numéro 2 de France Télévisions, Bruno Patino, 55 ans, était chargé des contenus d'Arte depuis 2015.  

Bruno Patino a été choisi par un conseil composé de douze membres parmi lesquels trois représentants des salariés, un représentant du ministère de l’Economie et des Finances, trois autres dirigeants de l’audiovisuel public, Delphine Ernotte (France Télévisions), Sibyle Veil (Radio France), Laurent Vallet (Institut national de l'audiovisuel) et le président du conseil de surveillance de Gaumont, Nicolas Seydoux. Le conseil est présidé par l'intellectuel Bernard-Henri Lévy.

Il succède pour un mandat de cinq ans à Véronique Cayla, présidente de la chaîne depuis 2011, qui quittera son poste le 5 juillet en raison de la limite d'âge imposée aux dirigeants de la société (70 ans). Bruno Patino a été préféré à Régine Hatchondo, directrice générale de la chaîne, et seule candidate déclarée dans ce processus secret. 

Une chaîne dynamique

Véronique Cayla laisse une chaîne aux audiences dopées, avec 2,8% d'audience moyenne en mai, son record historique. Plusieurs de ses programmes dépassent désormais le million de téléspectateurs. Le nouveau président aura pour mission de poursuivre cette ouverture à un plus grand public, ainsi que le virage numérique d'Arte. 

La chaîne réunit déjà 30% de son audience en amont de la diffusion TV, avait précisé M. Patino à la rentrée 2019. Ajoutée à sa présence sur Youtube, ses programmes pour Snapchat, et les podcasts d'Arte Radio, cette diffusion lui permet de toucher un public plus jeune. 

Bruno Patino devra également poursuivre l'internationalisation d'Arte qui, outre le français et l'allemand, propose de plus en plus de programmes numériques sous-titrés en anglais, espagnol, polonais et italien.

Numérique et livre

Après avoir démarré sa carrière comme journaliste au Monde, il est ensuite passé par le quotidien InfoMatin, Canal+ et Hachette Livre, où il a été secrétaire général de la branche littérature, avant de revenir au Monde en 1999, où il a dirigé Le Monde Interactif de 2000 à 2008, et parallèlement Télérama de 2003 à 2008. Cette année-là, la ministre de la Culture, Christine Albanel, lui confie une mission sur « l'avenir du livre », notamment le livre numérique. Il a aussi présidé, en octobre 2008, le pôle numérique au sein des États généraux de la presse écrite.

Nommé en 2008 directeur de France Culture, il est ensuite arrivé en 2010 à France Télévisions comme directeur de la stratégie et du numérique, mais aussi directeur de France 5. Il est ensuite devenu directeur général des programmes des antennes et des développements numériques de France Télévisions, où il initie la chaîne Culturebox.  

Auteur publié chez Grasset, il a écrit avec Jean-François Fogel Une presse sans Gutenberg et La condition numérique. Il a publié en son seul nom Télévisions, qui analyse les bouleversements vécus par la télévision publique, et La civilisation du poisson rouge : petit traité sur le marché de l'attention, succès à 50000 exemplaires, où il décrit l'impact néfaste d'Internet et des technologies numériques sur les capacités de concentration. Le livre vient de paraître en poche au Livre de Poche.