La maison souhaitait retirer 24 passages. Thomas Piketty a refusé et exigé que la seule version qui puisse paraître en Chine soit une traduction intégrale de son texte. D’autres éditeurs chinois en contact avec le Seuil ne semblent pas disposés à accéder à cette requête, laissant supposer que le livre ne sera pas publié dans l’Empire du milieu, contrairement au précédent essai de l’économiste, Le capital au XXIe siècle (Seuil, 2013), encensé par le président chinois Xi Jinping.
La Chine "à peine moins inégalitaire que les Etats-Unis"
"La Chine est le seul pays à avoir formulé de pareilles exigences", a déclaré Thomas Piketty à l’AFP, pour qui cette "censure illustre la nervosité croissante du régime chinois et son refus d'un débat ouvert sur les différents systèmes économiques et politiques".
Dans Capital et idéologie, l’économiste critique "l’inégalité et l’opacité" de la Chine, qui souffre des mêmes maux que les pays européens et américains. "A la fin des années 2010, […] la Chine est à peine moins inégalitaire que les Etats-Unis, et elle l’est nettement plus que l’Europe, alors qu’elle était la plus égalitaire des trois régions-continents au début des années 1980", écrit l’intellectuel dans son livre. Puis d’ajouter : "Rien ne garantit que le régime chinois parvienne à éviter une évolution kleptocratique à la russe".
Selon Le Monde, Capital et idéologie sera malgré tout traduit en chinois traditionnel à Taïwan et devrait aussi être publié à Hong Kong, dont la population proteste toujours contre la tutelle continentale et réclame des élections libres.