Carlos Fuentes a succombé mardi 15 mai à des problèmes cardiaques dans un hôpital de Mexico. L'écrivain avait 83 ans et 60 ans de romans derrière lui. La nouvelle annoncée par le président du Mexique Felipe Calderón via son compte Twitter où il a salué « un écrivain et un Mexicain universel », a ému la sphère intellectuelle mondiale. D'autant que l'auteur venait juste de participer à la Foire du livre de Buenos Aires, où il avait dévoilé ses projets d'écriture et présenté son dernier roman paru en Amérique latine intitulé Federico en su balcón.

A l'annonce de sa mort, les réactions se sont enchaînées au Mexique. « Nous avons perdu un grand écrivain et un grand intellectuel, une voix critique indispensable pour comprendre notre présent, notre passé et notre futur », a regretté Raul Padilla, président de la Foire internationale du livre de Guadalajara, dont Carlos Fuentes était un habitué. En France, le président de la République François Hollande a de son côté « salué le grand écrivain de l'identité mexicaine [...], l'homme engagé, rebelle aux normes et aux dogmes, qui a défendu avec ardeur une idée simple et digne de l'humanité.»

S'il est connu pour avoir écrit La mort d'Artemio Cruz, édité en France en 1966 par Gallimard, Carlos Fuentes est l'auteur d'une oeuvre gigantesque : pas moins d'une cinquantaine de ses textes ont été traduits en français, dont La plus limpide région, Terra Nostra, et Aura. Plus récemment, l'écrivain avait publié Anniversaire en avril 2011 et ses récits Le bonheur des familles, en 2009, dans la collection « Du monde entier » de Gallimard.

Primé à de nombreuses reprises, Carlos Fuentes a obtenu le prix Romulo Gallegos en 1977, le très reconnu prix Cervantès en 1987, puis le prix Prince des Asturies en 1994, sans jamais toutefois recevoir le prix Nobel de littérature. En France, il a été décoré de la légion d'honneur en 1992 par François Mitterrand.

Fils de diplomate, il est né le 11 novembre 1928 au Panama, et a grandi entre l'Amérique latine et l'Europe. Diplômé en droit au Mexique et en relations internationales en Suisse, il devient diplomate en 1950 : pendant toute sa vie il partagera son temps entre Londres, Paris et Mexico. Multifacettes, l'homme sera aussi journaliste (il couvrira notamment la révolution cubaine), et engagé en politique à gauche. Dans son oeuvre et malgré ses fonctions diplomatiques, il n'hésitera pas à critiquer les politiques mises en place dans son pays d'origine.

Une thématique que l'on retrouvera dans son prochain roman publié en France chez Gallimard en octobre 2012, La voluntad y la fortuna, où l'auteur s'exprime sur la violence qui déferle sur le Mexique depuis quelques années.

La veille de sa mort, la twittosphère avait annoncé le décès - réfuté - de Gabriel Garcia Marquez, un autre monstre de la littérature latino-américaine et ami de Carlos Fuentes.