7 juin > Photographie France > Michel Eisenlohr

La terreur islamiste, qui s’acharne à détruire, partout où elle frappe (Afghanistan, Yémen, Moyen-Orient…), des lieux et des œuvres qui appartiennent non seulement au patrimoine des peuples qu’elle assassine, mais aussi à l’humanité entière, a changé notre rapport aux sites archéologiques. Autrefois seulement admirables ou touristiques, les voici devenus prioritaires, hautement symboliques. Désormais, l’humanité se divise en deux catégories : ceux qui ne sont jamais allés à Palmyre, et qui ne verront donc jamais cette merveille du monde comme elle était il y a encore une petite dizaine d’années - en dépit des restaurations qui pourraient être effectuées un jour, une fois la paix revenue -, et les autres. Parmi lesquels, heureusement, des photographes comme Michel Eisenlohr, qui peuvent nous donner à voir.

Palmyre occupe l’essentiel de son reportage, effectué en Syrie en 2002, resté inédit et aujourd’hui publié alors que ses photos (argentiques et en noir et blanc, comme il se doit), sont exposées par le Centre des monuments nationaux, sur le site archéologique gallo-romain de Glanum et à l’hôtel de Sade, à Saint-Rémy-de-Provence du 17 juin au 17 septembre. Quand les ruines antiques dialoguent entre elles. Mais, au cours de son "voyage en Orient", Eisenlohr a également photographié des villes, comme Damas ou Alep, aujourd’hui martyre. On lui sait gré aussi de cette photo du site d’Apamée, bien moins illustre que Palmyre, Pétra ou Baalbek, mais aussi sublime, et dont on ignore le sort : on dit que l’immense colonnade a été bombardée. On brûle d’y retourner voir. Mais il va nous falloir patienter, en compagnie des archéologues, des photographes et, plus largement, de tous les amoureux du patrimoine, que les barbares soient vaincus. En attendant, on peut rêver grâce aux photos inspirées et impeccables de Michel Eisenlohr.

Ce livre nous en offre un choix, précédé d’études écrites par des spécialistes sur des sujets en rapport. Par exemple, Yann Brun et Bertrand Triboulot rappellent que l’EI ne détruit pas seulement le patrimoine, il le ruine, le pille, le vend, trafique. Un "crime de guerre" de plus, selon la Cour pénale internationale de La Haye. J.-C. P.

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