Le 22e classement annuel Livres Hebdo de l’édition française marque par les mouvements à son sommet. Le rachat en décembre 2017 du groupe La Martinière par Média-Participations a propulsé ce dernier au troisième rang, tout en le faisant passer du statut de groupe spécialisé dans la bande dessinée, et plus largement les livres illustrés, à celui de groupe généraliste. Dans le même temps, un nouveau bond en avant du leader de l’édition juridique, Lefebvre Sarrut, a relégué Madrigall en 5e position malgré son activité quasi stable. Mais le classement fait apparaître, avec la redistribution des cartes entre les géants du secteur, la consolidation d’une nouvelle génération de maisons moyennes qui ont su déployer sur plusieurs décennies des stratégies gagnantes.

Après celle d’Actes Sud en 2015, l’irruption de Michel Lafon dans le club très fermé des dix principaux éditeurs de l’Hexagone souligne le parcours exemplaire de ces entreprises, pour la plupart familiales, qui se sont peu à peu imposées à côté des grands groupes comme les pôles d’équilibre de l’édition française. Comme Actes Sud, Delcourt et Glénat ont misé à la fois sur la croissance interne et la croissance externe. Comme Michel Lafon, Eyrolles s’est surtout appuyé sur ses propres ressources pour se diversifier. Humensis, rassemblement improbable de maisons anciennes, profilé pour créer comme pour acquérir, tente une expérience nouvelle. Toutes, spécialisées à l’origine, sont fortement engagées, chacune avec ses moyens, dans le développement et la diversification.

Fréquemment sollicitées, ces maisons d’édition en devenir constituent un terrain de chasse idéal pour les grands groupes en mal de croissance. Il est pourtant frappant de constater que la plupart ont mis en œuvre des processus de succession familiale de manière aussi réfléchie qu’elles ont pensé leur croissance. D’Actes Sud et Michel Lafon à Glénat, les successeurs sont en place et en formation, laissant augurer pour ces maisons un autre avenir que la vente à l’encan. Allez les moyens!