Comme dans les autres secteurs, la crise sanitaire et la fermeture des librairies ont drastiquement fait chuter les ventes du deuxième trimestre 2020. A ce titre, le mois d’avril s’est avéré particulièrement désastreux avec une baisse de 74% des revenus. Pourtant, le volume de ventes sur l’année écoulée est resté stable. La chute du chiffre d’affaires s’explique plutôt par une baisse du prix moyen de 7%, de 13,78 euros en moyenne sur les 12 derniers mois.
Du reste, l’année 2020 s’est révélée avare en productions cinématographiques à gros budget inspirées des aventures de super-héros, l’un des principaux leviers de ventes du segment. Hormis Birds of Prey, sorti en février, toutes les adaptations hollywoodiennes ont été décalées à 2021. Seules les adaptations en série de Watchmen (Urban Comics) par HBO, Umbrella Academy (Delcourt) par Netflix et The Boys (Panini Comics) par Amazon, tous trois classés dans le top 100 des meilleures ventes de l’année, ont fait sensation. Le genre reste tout de même la locomotive du secteur avec 64,1% du chiffre d’affaires, en baisse de six points par rapport à l’année précédente, et 70,9% du volume, en hausse de 1,5%.
Le trio de tête
Avec 36,4% des parts de marché, Panini Comics s’impose à nouveau comme le premier acteur du rayon. La domination de l’éditeur au chevalier est totale dans le top 10 des meilleures ventes de comics, entièrement trusté par sa collection Les grandes batailles de l’univers Marvel. Deuxième plus gros succès du label, la licence Minecraft confirme son attrait en plaçant deux adaptations BD dans le top 100. "Malgré le décalage de nombreux titres lié au report des sorties cinéma comme Black Widow, l'année a été plutôt positive, avec un regain très fort des ventes après le confinement. Le renouveau de la licence X-Men avec House of X nous ouvre par ailleurs des perspectives intéressantes pour 2021 et les années suivantes", affirme Sébastien Dallain, directeur de publication chez Panini France.
Deuxième avec 34,3% de parts de marché, Urban Comics (groupe Média Participations) se maintient en partie grâce à la longévité de sa licence phare issue de l'univers DC Comics, Batman. Cinq aventures du justicier masqué se hissent dans le top 20. "Nous avons aussi remarqué un engouement autour de notre collection de one shots Black Label, dont chaque titre se vend environ autour de 15000 exemplaires. Avec le confinement et la mode du roman graphique, on constate que les habitudes changent, les lecteurs souhaitent profiter d’histoires complètes, avec des illustrations de qualité", souligne Pôl Scorteccia, directeur d’Urban Comics.
Troisième du segment avec 14,9% de parts de marché, Delcourt Comics est en léger recul par rapport à l’an dernier (-1,1%), malgré l’effervescence autour de la conclusion de Walking Dead, achevé en janvier dernier. L’éditeur est cependant "loin d’en avoir fini" avec le comics post-apocalyptique de Robert Kirkman, affirme Thierry Mornet, directeur de la collection comics chez Delcourt. Un inédit paraîtra en novembre et une nouvelle édition deluxe colorisée devrait permettre à l’éditeur de "rebondir à partir de 2021". "En revanche, nous allons abandonner la licence Star Wars, parce que les contingences de travail avec Disney [qui détient les droits] sont trop lourdes", annonce Thierry Mornet, qui préfère se concentrer sur des titres "contrôlés par leurs auteurs".