« J'écris ce livre avec l'ambition d'être utile. » Le message est clair : ce texte s'adresse aux lecteurs sensibles à l'état du monde. Corine Pelluchon, spécialiste de philosophie politique et d'éthique, notamment animale, aborde la question encore taboue de l'éco-anxiété, un mal de plus en plus répandu notamment chez les jeunes générations. Partant de sa propre expérience du désespoir et de la dépression générés par le changement climatique et l'inaction politique, la chercheuse esquisse une réflexion autour de méthodes pour faire face à l'effondrement qui vient, sans confondre espérance et optimisme. La philosophe souligne bien les hypocrisies des politiques contemporaines, qui dénoncent des comportements qu'elles provoquent (la surconsommation, l'addiction) et qui accentuent l'incompréhension et la souffrance de ceux qui voient et vivent l'effondrement. Il ne s'agit pas là de baisser les bras ni de tomber dans le déni, mais de faire resurgir la notion d'espérance précisément dans cette confrontation avec le fini, la mort. Étape indispensable à la « traversée de l'impossible », la dépression climatique est perçue ici comme un point de départ nécessaire au renouveau existentiel, à « l'espérance collective ». La dépression climatique « décentre le sujet et est provoquée par le souci du monde et l'amour de la vie ». C'est bien là que Corine Pelluchon saisit la possibilité de l'espérance : dans « le désir d'habiter de manière plus saine la Terre ».