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Cultissime : une première édition déjà culte

Douglas Kennedy a reçu un prix Cultissime pour l'ensemble de sa carrière. - Photo Léon Cattan

Cultissime : une première édition déjà culte

Dédié aux œuvres cultes toutes catégories confondues, le festival Cultissime organisé à Angers du 27 au 29 septembre a attiré près de 8 000 festivaliers pour sa première édition. Reportage.

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Par Léon Cattan Angers,
Créé le 29.09.2024 à 21h58

Une demande en mariage inopinée, un trophée doré en forme de gaufrier et la rencontre de Bernard Werber avec Douglas Kennedy et Mark Millar. Dans le musée Jean-Lurçat d’Angers, qui a conservé l’apparence des cathédrales d’antan, la première édition de Cultissime commence sur les chapeaux de roue. La remise des prix qui tient lieu de soirée d’inauguration a fait des enthousiastes : « Se voir décerner un prix culturel en France, c’est comme recevoir une distinction en foot de la part du Brésil ! » lance Mark Millar, le célèbre auteur de comics distingué pour l’ensemble de sa carrière. Il donnera une masterclass sur cette même scène le lendemain, comme Sylvain Tesson et James Ellroy avant lui.

Des guest stars prestigieuses pour un salon du livre qui n’en est pas vraiment un. « Nous avons reçu de grands auteurs, mais à travers la promotion de l’évènement, je voulais également mettre en avant ses autres aspects, comme les activités en plein air et les tables rondes thématiques, pour ne pas laisser les non-lecteurs de côté », explique à Livres Hebdo Phalène de La Valette, créatrice du festival des œuvres cultes.

On comprend mieux la présence d’escrimeurs croisant le fer près des foodtrucks ou celle d’une harpiste dans le coin des éditeurs. Le thème musical de Nausicaä de la Vallée du Vent de Miyasaki et celui de Harry Potter résonne dans le cloître, où une quinzaine d’exposants présentent leur travail.

Place aux inclassables

Un travail qui illustre bien le mélange des genres qu’incarne Cultissime. Les maisons spécialisées y sont venues en nombre, des cinéphiles de la société de production Capricci aux férus d’Art comme les éditions Archivio, dont la fondatrice Nathalie Leleu a présenté sa récente collection La vie privée des œuvres, qui « transcende les limites de l’Histoire de l’art en délivrant un point de vue accessible ».

Elle dévoile ici en avant-première ses deux prochains titres, qui paraîtront le 1ᵉʳ novembre. Et se trouve à quelques tables d’initiatives plus insolites, comme celle des bretons de Gauclin, auteurs de « flacons littéraires ». Passionnés de thés et de littérature, ils cherchent à encapsuler, par la recette parfaite, l’âme d’un classique. Ainsi, Épices de Dune cristallisera l’œuvre de Frank Herbert à travers une recette de chaï augmentée, tandis que Fleurs du mal célèbrera la poésie de Baudelaire avec un élixir de thés verts où s’infusent grenades et bleuets.

Nathalie Leleu
Nathalie Leleu a fondé les éditions Archivio en 2022.- Photo LÉON CATTAN

Un chef-d'œuvre, ça s'entretient

Venue représenter la collection Litera de Gallmeister, l’éditrice Ekaterina Koulechova livre lors d’une table-ronde grand public les secrets d’une réédition réussie, accompagnée de la traductrice Emma Lavigne. Car il ne s’agit pas seulement de méditer sur les œuvres cultes : il faut aussi se questionner sur leur perpétuation, et comment elles s’entretiennent à travers les siècles.

Une thématique au centre du travail du Livre de Poche, qui a fêté ses 71 ans en 2024. Directrice du Livre de Poche, Audrey Petit a fait le déplacement aux côtés d’une dizaine d’auteurs. « Notre maison sert à la fois à refaire découvrir des chefs-d’œuvre patrimoniaux et à valoriser les voix de demain, estime-t-elle. En cela, on peut considérer que nous partageons l’ADN de Cultissime. »  

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Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont remporté le prix Cultissime de la réédition.- Photo LÉON CATTAN

Et si les rééditions permettent de donner une deuxième, troisième ou quatrième jeunesse aux œuvres, que dire de l’influence des adaptations ? En 2023, le Centre national du livre révélait qu’en France, près d’une œuvre cinématographique ou audiovisuelle sur cinq était adaptée d’une œuvre littéraire. Un an plus tard, Forbes abondait dans ce sens, mais côté plateformes : d’inspirations littéraires ou vidéoludiques, les adaptations en anglais représentent 30% du contenu Netflix à succès.

Le sujet, devenu incontournable en festival, faisait l’objet de la matinée professionnelle de Cultissime et laissait la parole à des professionnels de l’audiovisuel spécialisés dans l’adaptation de bandes dessinées. Comme Arte, productrice des adaptations des bandes dessinées Silex & the city de Jul (Dargaud), Tu mourras moins bête de Marion Montaigne (Delcourt) et bientôt, de Putain de chat de Stéphane Lapuss’ (Kennes Editions). Mais aussi L’Incroyable Studio, qui a dévoilé lors d’une conférence quelques images de Bergères guerrières, une mini-série tirée de l’œuvre à succès de Jonathan Garnier et Amélie Fléchais

Et pour l’année prochaine ? Si cela reste à confirmer, l’équipe du festival et les collectivités locales se montrent enthousiastes. « Nous voudrions développer l’aspect audiovisuel et vidéoludique à l’avenir, déclare Phalène de La Valette. Et élargir nos espaces réservés aux professionnels pour faire la part belle aux rencontres entre éditeurs et producteurs. » Au terme du week-end, l’évènement a attiré près de 8 000 personnes.

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