Qu’est-ce qu’un mari et à quoi ça sert ? Ringards, charmants, le mot et le statut qu’il désigne ? Elisabeth Jacquet tente de faire le tour de cette figure énigmatique du mari. A partir du sien. "Un jour un homme est devenu mon mari", constate-t-elle en incipit. En 2015, au moment où elle écrit ce bref texte, dans le cadre d’une création radiophonique pour France Culture, elle est la femme de son mari depuis dix-huit ans. Mais l’écrivaine ne compte pas la durée comme ça. Elle parle de "Noces de turquoise".
Là où la professeure de littérature Claude Habib, "conjugaliste" revendiquée dans Le goût de la vie commune (Flammarion, 2014), croisait son expérience du couple au long cours avec la littérature et la philosophie, Elisabeth Jacquet se livre quant à elle à une petite méditation plus débridée et malicieuse pour tenter de cerner la fonction du mari, sa place, ses états instables, ses caractéristiques comme celle, entre autres, d’être "l’être avec lequel [elle] s’est trouvée le plus souvent dans le plus grand nombre d’endroits".
Derrière cette "petite exploration conjugale", on trouve un hommage décalé et souvent drôle au couple marié, où s’accumulent les interrogations - "A quoi voit-on qu’on est mariés ?", "Le mariage simplifie-t-il l’existence ?" -, les suppositions, les étonnements - "Mariés, la femme demeure, elle garde sa fonction, l’homme devient mari, il en change : où chercher l’explication ?" -, les observations faussement candides - "il est plus facile de dire mon mari que mon homme"… On y croise aussi quelques maris de romans et de cinéma, et même la sous-catégorie reliée des ex-maris auxquels le pronom possessif s’applique pour la vie. V. R.