28 mars > Histoire France

La Bastille, une prison d’histoire, au point d’être devenue un nom commun. Prendre une bastille, c’est s’insurger contre l’injustice. Claude Quétel nous propose d’y voir d’un peu plus près, derrière les murs, et d’entrer dans cette forteresse symbolique. C’est Louis XI qui en a fait une prison d’Etat où il enfermait les comploteurs. Mais c’est surtout après qu’elle nous intéresse. Plus de 5 000 prisonniers se succèdent du début du règne de Louis XIV au 14 juillet 1789. La plupart n’y restent que quelques mois et il y a six fois moins de femmes que d’hommes parmi les détenus.

La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

Cette geôle géante reste un maillon essentiel du dispositif de l’enfermement par lettre de cachet. Claude Quétel la qualifie de « prison à tout faire ». Elle fait surtout naître le mécontentement dans la population car elle s’impose dans Paris comme la verrue de l’arbitraire du roi.

Dans la sélection faite sur les milliers de pages publiées à la fin du XIXe siècle se croisent interrogatoires et correspondances des prisonniers. On voit ainsi comment fonctionnait ce grand cachot au travers de ses pensionnaires. On y croise le surintendant Nicolas Fouquet, la Brinvilliers et ses poisons, le fameux Latude qui s’en évada avec son échelle de corde ou le Masque de fer toujours inconnu et « enterré à Saint-Paul le mardi 20 novembre 1703 à 4 heures après midi, sous le nom de Marchiergues ».

Criminels, délinquants, tenancières de tripots, charlatans, tricheurs, escrocs, contrebandiers et aventuriers cèdent leur place aux espions, aux malades mentaux et à ceux qui ont commis les délits de « librairie » en publiant des ouvrages non autorisés. Un abbé nommé Fleur y passe quelques mois pour contrefaçon de billets de loterie avant d’être pendu en 1749.

Quelques cocottes et actrices s’y retrouvent par la force d’une lettre de cachet. Les ecclésiastiques libertins côtoient les sodomites - ce sont quelquefois les mêmes… - dans cette volonté de punir les mœurs jugées condamnables par l’Ancien Régime. Bref, la Bastille est une gigantesque gare de triage où on attend que la plupart des personnes se fassent oublier…

Le jeune Voltaire y fait un séjour qui renforce son goût pour la liberté, et bien sûr Sade « qui méprise tout le monde à commencer par la justice ». Il y entre le 29 février 1784 et insulte copieusement son épouse qui vient régulièrement lui apporter des friandises et du papier. C’est dans sa cellule, en éructant, que le « divin marquis » rédige les 120 journées de Sodome et Justine. A quelques jours près, il a bien failli devenir un héros de la Révolution, mais le 4 juillet 1789, il est transféré à Charenton. Le 14 juillet, il ne restait que sept prisonniers : quatre faussaires, deux fous et un fils incestueux enfermé à la demande de son père. Sade aussi sera libéré de Charenton pour y retourner en 1803 jusqu’à la fin de ses jours.

L. L.

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