Des librairies négocient avec Google

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Des librairies négocient avec Google

Plusieurs grandes librairies prévoient de s’allier au moteur de recherche Google afin d’obtenir le référencement de leur site comme adresse de vente en ligne, au même titre qu’Alapage, Amazon et Fnac.com. Decitre, à Lyon, a déjà conclu un premier accord.

avec Clarisse Normand (Livres Hebdo) Créé le 15.04.2015 à 19h12

Vendredi 4 mai, la librairie Sauramps, à Montpellier, organisait un débat public sur le thème « Internet et l’avenir du livre », avec la participation de Philippe Colombet, directeur du programme « Recherche de livres » de Google en France, et Michel Valensi, fondateur et directeur des éditions de l’Eclat, première maison à adhérer au programme de numérisation de Google. A cette occasion, Jean-Marie Sevestre (P-DG de Sauramps) a annoncé être en phase de discussion avec Google pour être référencé sur son programme « Recherche de livres ».

Améliorer le référencement des indépendants?

Tout est parti d’un constat, explique le libraire. « Nous avons été quelques-uns à nous étonner du référencement que Google propose aux internautes pour leur permettre de commander en ligne. De manière systématique, seuls les grands sites que sont Amazon, Fnac.com et Alapage, sont référencés. Aussi, à l’automne dernier, Christian Thorel (Ombres blanches à Toulouse), Denis Mollat (Mollat à Bordeaux) et moi-même sommes entrés en contact avec Google. » De fil en aiguille, des pistes auraient été ébauchées, parmi lesquelles « un nouveau service permettant à Google de proposer aussi aux internautes l’accès à des sites de libraires qui acceptent de faire remonter quotidiennement l’état de leur stock sur le moteur de recherche, de sorte que l’internaute saura où aller ou à qui commander pour avoir son livre », se plaît à anticiper Jean-Marie Sevestre. Plus circonspect, Denis Mollat évoque surtout « l’aspect encore très flou du projet ».

« Des librairies-tests volontaires ».

Chez Google, la prudence est aussi de mise : « Des expériences devraient être menées, avec quelques libraires-tests volontaires. Mais elles n’ont pas encore commencé et aucun calendrier n’a pour l’instant été fixé. » Actuellement engagé dans un vaste programme de numérisation de livres, le moteur de recherche, via son programme « Recherche de livres », permet aux internautes d’accéder à de larges extraits de texte, et leur propose, au-delà de ces consultations, d’acheter les livres en les renvoyant vers des sites de vente en ligne. C’est à ce niveau que veulent se placer les librairies car, pour l’heure, le moteur de recherche renvoie uniquement vers les très grands sites marchands et éventuellement vers l’éditeur.
Pour Google, l’intérêt est d’enrichir ses services aux internautes. D’ailleurs, il négocie aussi la location d’une version allégée de la base de données de Decitre, avec qui il a conclu son premier contrat dans le cadre de son projet de référencement de sites de libraires. Le libraire lyonnais devrait ainsi être parmi les premiers à figurer comme site de vente au même titre qu’Amazon ou Fnac.com. De même, Dialogues à Brest serait prêt à tenter l’expérience.
Pour les libraires, une présence sur le programme livres de Google constitue une manière d’exister sur Internet où les ventes de livres se développent rapidement. Derrière la multiplication des entrées sur le Net, ils visent une augmentation de leurs commandes en ligne. Et avec Google, le service est gratuit : les ventes générées ne donnent pas lieu au versement d’une commission... contrairement aux marketplaces, dont la plus célèbre est celle d’Amazon, qui prélève 12 % sur le montant des ventes.

Contrer Amazon.

Une alliance avec Google revêt même un caractère doublement stratégique pour les libraires car elle permet de contrer Amazon et son programme « Recherche au cœur ». Alors que chez Amazon la numérisation des textes profite uniquement au site marchand, chez Google, qui ne vend pas de livres, elle profite aux sites partenaires qui récupèrent les ventes. Reste que la base des textes numérisés par Google contient moins d’ouvrages récents que celle d’Amazon, très peu d’éditeurs français ayant accepté que le moteur de recherche numérise leurs titres. Google présente essentiellement des ouvrages numérisés (sans autorisation) à partir des fonds des bibliothèques américaines. Ils sont relativement anciens, ce qui risque de limiter les opportunités de renvois vers les sites de libraires.
En outre, le projet de Google laisse encore planer des questions essentielles. Comment seront présentés et hiérarchisés les sites des libraires ? Et surtout, qu’en sera-t-il lorsque le portail collectif sera opérationnel ? Sur ce dernier point, le précédent aux Etats-Unis est assez éclairant. A côté des grands sites marchands, un seul lien permet d’accéder aux sites des librairies à partir de Google : celui de leur portail BookSense.

Client cible.

Le sujet étant on ne peut plus professionnel, on peut s’étonner de la dimension publique donnée à ces avancées : la tournée entreprise par Philippe Colombet auprès des librairies désireuses de s’allier à Google s’accompagne souvent de débats ouverts au public. Ainsi chez Sauramps, mais aussi chez Dialogues en janvier et bientôt, le 15 mai, chez Ombres blanches. Comme l’explique Jean-Marie Sevestre, qui a largement commenté l’opération sur l’antenne de France bleue Hérault : « En rendant publiques ces questions professionnelles, nous entendons non seulement jouer la transparence vis-à-vis de nos confrères libraires mais aussi informer et sensibiliser à nos problématiques nos clients, souvent acheteurs aussi sur Internet, afin de les ramener vers nous. »

15.04 2015

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