« La réalité détruit toujours les certitudes. » Celle d'Adelaida éclate lorsque sa mère s'éteint. Elles formaient un binôme fusionnel. « La famille c'était nous deux. Notre arbre généalogique commençait et s'achevait avec nous. » Face à la perte d'un tel pilier, il lui est difficile d'avancer. D'autant que les morts se sont accumulés au fil des années. Des pertes irrémédiables qui l'ont rendue veuve à 29 ans. L'héroïne n'est pas la seule à tanguer. Caracas, une « ville à l'agonie », affronte une terrible violence sociopolitique. La Révolution semble en cours, mais elle emporte tout sur son passage. De jeunes opposants atterrissent dans « la Tombe », un lieu insoutenable.

Alors qu'elle rentre à la maison, Adelaida s'aperçoit que les serrures ont été changées. Une femme, d'une grande cruauté, s'est appropriée la maison. La protagoniste se réfugie chez sa voisine espagnole, mais là aussi, une surprise l'attend. « C'était ainsi que vivaient la plupart des gens. En perpétuelle faillite. La guerre est notre destin. » Elle ravage les pays et les êtres. Adelaida refuse de se transformer en « hyène », mais la survie a un prix. Journaliste, Karina Sainz Borgo nous l'expose de sa plus belle prose.