21 septembre > jeunesse France > Fanny Chiarello

Depuis que sa mère est morte, Elina ne parle plus à personne. Ni à son père qui pourtant l’appelle "mon lapin", ni à sa meilleure amie, pourtant une chouette fille, ni même à sa mamie que pourtant elle adore. Sa nouvelle manière d’exister consiste à "végéter parmi les végétaux" du Jardin des Plantes. Un jour, en observant les joggeurs courir tous dans le sens des aiguilles d’une montre, elle a l’idée de courir elle aussi. Avec une nuance : sa foulée à elle se fera en sens inverse. Moins par anticonformisme que pour retrouver - symboliquement - sa chère disparue en rembobinant le temps. Une pratique que remarque aussitôt Violette, une femme en fauteuil roulant qui engage une conversation avec la jeune fille. L’échange est à sens unique, mais Violette n’a pas l’air de s’en offusquer. Comme si elle entrait dans les pensées muettes d’Elina et leur donnait la réplique. Là n’est pas la moindre de ses singularités. Ancienne marathonienne, rêvant de danser sur les toits, partisane absolue du parler-vrai, cette Violette est déroutante et libre à plus d’un titre. D’autant qu’elle porte en elle une douleur plus grande encore que celle liée à sa paralysie. Ce roman vaut bien mieux que l’histoire triste qu’il raconte, même si le deuil se transmue en résilience. Fanny Chiarello a su la rendre vivante, sensible et parfois même féroce, comme dans cette scène où Elina est agacée par le nouveau couple parental, leurs doigts amoureux croisés en cachette sous la table, leur insupportable joie à concocter ensemble leurs petits plats, etc. Une réflexion foisonnante sur le sens de la vie, celui des aiguilles d’une montre ou à l’inverse. Fabienne Jacob

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