Pour toucher sa cible, un livre de loisirs créatifs doit aujourd’hui non seulement proposer des créations de qualité, mais séduire par son esthétique. « Il est important de faire une veille sur tout ce que les gens sont habitués à voir, et de repérer les codes graphiques adoptés par le grand public », souligne Anne La Fay, directrice éditoriale chez Hachette Pratique. Peu de maisons disposent d’une équipe en interne, préférant élaborer des alliances styliste-photographe-graphiste en fonction des projets, comme chez Marabout. « Nous sommes assaillis par les images. Les jeunes sont plus exigeants que les générations précédentes, note la directrice générale de la maison, Elisabeth Darets. La France a très bonne réputation en matière d’esthétique. » Même constat aux éditions Marie Claire : « Nos livres s’adressent à des femmes qui regardent les magazines de mode et de décoration, rappelle Thierry Lamarre, directeur de la diversification. Ils doivent respecter ces codes et proposer des réalisations chics, qui s’inscrivent dans la tendance. »

Si les ouvrages de loisirs créatifs empruntent de plus en plus à l’univers des magazines et des livres d’inspiration, ils doivent cependant conserver leur dimension pratique. « La mode est au visuel, mais en même temps le texte rassure. Il faut trouver le juste équilibre entre les deux », explique Nadia Daniel, directrice de L’Inédite. « Il ne faut pas faire trop esthétisant, confirme Viviane Rousset, directrice générale des éditions de Saxe. Certaines techniques, comme la broderie, nécessitent de voir les réalisations de près. Il faut trouver un compromis entre l’ambiance et l’aspect pratique. » Le graphisme doit également signer l’identité de l’éditeur. « Nous travaillons toujours avec les mêmes photographes et graphistes pour garantir une identité graphique constante », précise Ryma Bouzid, responsable éditoriale au département livres pratiques de Flammarion.

Créateurs de tendance.

Les blogs, très actifs et créateurs de tendance, font partie des principales sources d’inspiration. « Parfois, les photos réalisées par l’auteur sont tellement belles qu’on n’a pas besoin d’en refaire avec un photographe professionnel », observe Colette Hanicotte, directrice éditoriale de Dessain et Tolra. Le phénomène des blogs a pris tant d’ampleur qu’Eyrolles a créé une série d’ouvrages pour accompagner les blogueuses dans leur pratique. Prévu pour novembre, Vendre et mettre en avant ses créations vient après Photographiez vos créations, paru en octobre 2012, et Démarrer son activité déco, paru en février dernier. Une influence qui trouve cependant ses limites : « Je ne regarde pas du côté des blogueuses, car elles ont toutes tendance à faire la même chose », assure pour sa part Alexis Faja, directeur de Tutti frutti.

L’autre grande influence marquante du secteur vient des éditeurs japonais. Anne-Sophie Pawlas, directrice éditoriale au Temps apprivoisé, détaille leur apport : « Le Japon a eu récemment une forte influence en donnant une place importante à la mise en scène. Les livres font la part belle aux créations et renvoient les explications techniques en deuxième partie d’ouvrage. » <

15.04 2015

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