« Manifestement, l'argent a à voir avec la vie », note le poète anglais Philip Larkin. Une phrase essentielle qui figure en exergue du premier roman de l'Espagnole Elena Medel. Fondatrice de la maison d'édition La Bella Varsovia, cette poétesse est déjà traduite en quinze langues. « Dans le fond, tout revient à l'argent : au manque d'argent », si déterminant qu'il peut influer fortement sur la courbe d'une existence. Maria et Alicia en sont l'illustration. A priori, rien ne les unit - ni leurs époques, ni leurs soucis - si ce n'est l'envie de se libérer de vies dont elles se sentent prisonnières. La première a quitté son foyer pour s'occuper de nantis. À force de sembler insignifiante, elle sent la révolte gronder. Or, « même pour protester il faut avoir de l'argent ». Alicia partage ce constat. « On dit que l'argent ne peut rien contre la médiocrité, ce n'est pas vrai. » Un sentiment renforcé par son passé blessé, qui l'empêche de s'investir dans l'amour. Un rêve récurrent résonne « comme une alarme qui me secoue, pour que j'assume la vie que j'ai perdue, la vie que j'ai aujourd'hui. » Maria et Alicia s'interrogent, se cherchent, se perdent, trébuchent et s'usent face à leurs misères matérielles ou émotionnelles. « Existe-t-il quelque chose qui ne puisse pas être acheté ? » Si la première s'oriente vers l'engagement social, la seconde devra dépasser ses dédales infantiles. À travers ces deux guerrières symboliques, Elena Medel montre à quel point elle s'inspire de « la magie du genre humain dans toute sa diversité ».
Les merveilles Traduit de l’espagnol par Lise Belperron
La Croisée
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 20 € ; 224 p.
ISBN: 9782413043355