Dans Marie-Galante (Gallimard, 2018), Emmelene Landon remontait le temps, celui de son amour pour Paul Otchakovsky-Laurens jusqu'à l'accident de voiture sur cette île de l'archipel de la Guadeloupe qui, le 2 janvier 2018, lui coûta la vie. C'est par ce drame que commence Debout, le nouveau livre de cette peintre et écrivaine. Elle s'attache cette fois-ci au temps d'après, celui où il faut vivre encore en l'absence de l'autre, celui d'un amour qui demeure, mais dont il faut domestiquer les formes nouvelles. Pour tous, Paul n'est plus là, mais il est pourtant partout, dans chaque geste, chaque pensée d'Emmie. La femme endeuillée le trouve sans avoir besoin de le chercher, à chaque voyage, à chaque rencontre. L'écriture est pour elle une façon de poursuivre leur dialogue comme la peinture ou les voyages. Écrivaine de marine, elle embarque à bord d'un navire de la Marine nationale au large de la Nouvelle-Calédonie. Elle se réchauffe aussi aux joies désormais graves de l'amitié et auprès de la famille élargie des éditions P.O.L. Sa fille attend son premier enfant, elle déménage, une pandémie mondiale s'annonce, les jours passent, et toujours et en tous lieux et circonstances, Paul est là. Pour paraphraser Maurice Blanchot,« à lui elle dit éternellement"viens" et éternellement, il est là ». Pour dire cette poursuite des jours, de l'amour et de la beauté, Emmelene Landon écrit comme elle peint, dans le souci poétique de la recréation d'un réel qui pourtant ne cesse de la fuir.