Pays
Sophie de Baere a vécu jusqu'à ses 18 ans dans un petit village des Ardennes qui comptait, dit-elle, « plus de chevaux que d'habitants ». L'horizon, c'étaient des champs de pommes de terre à perte de vue. Son enfance, contemplative, est passée en longues promenades avec son chien, nourrie d'imaginaires et de lectures (Pennac, Pagnol, les contes, Les misérables...). Plus tard, il y aura l'arrivée en ville, Rethel, la sous-préfecture et le lycée. Il sera cette fois-ci question de Rimbaud... Enfin, une vie après, comme une arrivée au port, l'arrière-pays niçois. Une épiphanie. De ces pays qui furent ou demeurent les siens, Sophie de Baere dit : « La question du déterminisme a toujours été très importante pour moi et je crois qu'existe aussi un déterminisme territorial. »
École
Les chats ne font pas des chiens, juste des enfants de la République. Fille d'un instituteur, petite-fille et nièce de professeures de lettres, ayant eu comme premiers mentors des professeurs de français, Sophie deviendra à son tour institutrice. « J'ai toujours eu des goûts assez enfantins et au fond, je crois que je n'ai jamais vraiment voulu quitter l'école. »
Écrire
Inutile de faire entonner à la romancière la rengaine de l'écriture comme une catharsis de la souffrance. « Quand j'écris, je suis dans la joie de la petite fille qui joue à la poupée. C'est une passion dévorante. » Une passion à laquelle elle s'adonne exclusivement chez elle, dans le calme et une solitude choisie. « L'écriture ouvre pour moi les portes de la perception. » Être écrivain, pour elle, c'est être à sa place.
Femmes
Écrire des histoires de femmes, la belle histoire... Seulement voilà, si elle a la militance et la revendication discrètes, Sophie de Baere y revient toujours. Comme malgré elle. Comme lorsqu'elle cite les auteurs d'aujourd'hui, qui sont des autrices, qui l'accompagnent : Duras bien sûr, mais aussi Silvia Avallone, Léonor de Récondo, Corinne Royer... Comme lorsqu'elle révèle que la vision d'un documentaire sur l'affaire des disparues de l'Yonne allait peu à peu donner naissance à ce Secret des mères, son quatrième roman.
Musique
Barbara, Brassens, mais aussi Delerm, Marchet ou Beaupain, cette femme est une chanson (douce). Justement, avec son compagnon musicien, elle en écrit (« ça m'apprend la concision ») et parfois, avoue-t-elle, en chante. On n'en saura pas plus. On imagine très bien.
Le secret des mères
JC Lattès
Tirage: 9 500 ex.
Prix: 21,50 € ; 414 p.
ISBN: 9782709674805