Arthur Nesnidal, Auvergnat de 22 ans, est un rebelle, un insoumis. D’ailleurs, il a été candidat suppléant aux législatives de 2017, à Clermont-Ferrand, pour la France insoumise. Battu, mais qu’importe. Il récidivera sûrement. En attendant, il réalise des reportages sociétaux pour Siné Mensuel. C’est d’une plume acérée, sophistiquée aussi, qu’il a écrit son premier roman, La purge, à la première personne, où l’on peut voir un règlement de comptes sans pitié avec l’une des institutions les plus solides de notre système scolaire, les classes préparatoires. Littéraires, en l’occurrence, qu’on appelle familièrement hypokhâgne et khâgne.
Le narrateur, apparemment mal orienté, a suivi, durant un trimestre, une hypokhâgne à Clermont-Ferrand. Un long hiver, froid et sinistre, une saison en enfer où, boursier, interne, mal logé, mal chauffé, mal nourri, il traîne son tædium vitæ, s’abrutit de travail et, bien qu’il se rende vite compte que ce petit monde des forts en thème n’est pas fait pour lui, s’acharne. Ne serait-ce que pour ne pas décevoir ses parents méritants.
Dans la postérité de la trilogie de Jules Vallès, L’enfant, Le bachelier, L’insurgé, dédiée "à tous ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim §", Nesnidal se livre à une satire féroce de ses maîtres, de ses condisciples et de tout le personnel du lycée, à coups de saynètes cocasses. C’est aussi exagéré que réjouissant. Et, d’une certaine façon, ça se termine bien, le héros reprenant sa liberté. Il en a fait bon usage, puisqu’il a écrit ce roman, comme un passage initiatique. J.-C. P.