Des livres livrés gratuitement, mais à certaines conditions. Un peu plus d’un an après l’application du décret sur les frais de port, portant à trois euros minimum les frais de port de livres neufs jusqu’à 35 euros de commande en ligne, Amazon annonce la création d’un service de livraison gratuite.

Le géant du e-commerce, premier e-libraire de France, n’a eu de cesse de dénoncer les effets négatifs, selon lui, de la nouvelle réglementation sur les comportements d’achat des lecteurs. Il contre-attaque en créant un service de livraison gratuite dans plus de 2 500 points de retrait répartis à travers toute la France. « Une option pratique et économique pour les lecteurs », avance un communiqué, et qui permet de contourner l’interdiction de livrer gratuitement à domicile.

Amazon profite à ce titre de la possibilité laissée aux entreprises de livrer gratuitement les commandes de livres sans limite de prix dès lors que les retraits sont effectués dans des commerces qui vendent déjà des livres.

Les quelque 2 500 points de vente associés à l’opération (sur les plus de 30 000 avec lesquels Amazon travaille toute l’année) ont ainsi été retenus parce qu’ils vendent des livres, parmi de nombreux autres produits, à leurs clients. Il s’agit le plus souvent de supermarchés et d’hypermarchés, majoritairement situés hors des grandes villes : « Plus de 70 % de ces points de retrait sont situés dans des zones rurales ou petites villes, comme par exemple à Mehun-sur-Yèvre (Cher), Le Plessis-Belleville (Oise), Broons (Côtes-d’Armor), Vinon-sur-Verdon (Var) et de très nombreuses autres communes de France », détaille Amazon.

Amazon contourne la loi selon le SLF

Les clients du site marchand, quand ils remplissent leur panier de commande, ont désormais la possibilité de sélectionner un point de retrait gratuit au niveau de la page de paiement. Ils peuvent toujours choisir de se faire livrer à domicile en utilisant les autres options de livraison, payantes celles-ci.

Joint par Livres Hebdo, Guillaume Husson, délégué général du Syndical de la librairie française (SLF) estime que ce nouveau service d’Amazon s’apparente à un « contournement de la loi ». « La loi dit que les frais de port peuvent être gratuits lorsque le livre est retiré dans un commerce de vente au détail de livres, détaille-t-il. La question est donc de savoir si un locker implanté dans un hypermarché correspond à cette définition. Pour notre part, nous en doutons, quand bien même cet hypermarché vendrait des livres, et considérons qu’il y a là un contournement de la loi. »  

Interrogé sur ses velléités d’engager une action contre Amazon, le SLF a répondu n'avoir rien arrêté ni exclu à ce stade.

« Depuis plus de 20 ans, Amazon s'engage pour offrir à tous les lecteurs, partout en France, un accès simple et large aux œuvres littéraires. Nous nous réjouissons d’offrir aujourd’hui cette nouvelle option de livraison pratique et économique aux lecteurs en France, pour leur permettre d’accéder plus facilement à une sélection de plusieurs millions de titres », déclare pour sa part dans un communiqué Géraldine Codron, responsable de la catégorie livres chez Amazon.