L’association de prévention de la pédophilie l’Ange Bleu a délivré une citation à comparaître devant un tribunal à Gabriel Matzneff pour "
apologie de crime" et "
provocation à commettre des délits et des crimes",
selon 20 Minutes. Une date d’audience aurait été fixée au 12 février à 13h30 devant la 17
e chambre du tribunal correctionnel de Paris d’après l’avocat de l’association cité par le quotidien.
L’écrivain est déjà visé par une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris pour "viols sur mineurs", à la suite de la parution du
Consentement de Vanessa Springora (Grasset). Dans ce livre, l’éditrice de 47 ans, directrice des éditions Julliard, raconte sa relation sous emprise avec Gabriel Matzneff alors qu’elle avait 14 ans, et lui 50.
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Les livres de Gabriel Matzneff et notamment celui intitulé Les moins de 16 ans
sont un mode d’emploi pour les pédophiles, explique Latifa Bennari, la présidente de L’Ange Bleu, à
20 Minutes.
J’ai rencontré tellement de pédophiles qui se sont sentis légitimés par les ouvrages de Matzneff ou ceux de Tony Duvert [prix Médicis 1973 et pédophile autoproclamé, mort en 2008]
que j’ai voulu saisir la justice."
La lettre ouverte de Matzneff en cause
La citation directe permet une convocation expresse de l’écrivain sans attendre la fin de l’enquête ouverte par le procureur de Paris Rémi Heitz, qui pourrait trainer en longueur. Le délai pour saisir la justice pour le délit d’apologie du crime se limite toutefois à trois mois, comme le stipule la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Or, les ouvrages de Gabriel Matzneff dans lesquels il raconte ses conquêtes sexuelles et manifeste son intérêt pour les enfants sont parus avant cette période. Son principal éditeur, Gallimard, vient d’ailleurs d’en stopper la commercialisation.
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Mais il a publié dans L’Express
une lettre ouverte le 2 janvier dans laquelle il n’y a pas de déni, dans laquelle il présente sa relation avec Vanessa Springora comme un amour passionné, souligne auprès de
20 Minutes l’avocat de l’Ange Bleu, Mehana Mouhou.
Cela suffit à caractériser les faits d’apologie de crime pédophile."
Dans ce texte, Gabriel Matzneff reproche à Vanessa Springora de faire un portrait de lui "
viré au noir" qu’il ne "
mérite pas". Il réhabilite au contraire sa relation avec l’éditrice, à l’époque une adolescente, et évoque "
la force de l’amour qui [les]
unissait".
D’après une magistrate citée par
20 Minutes, le juge pourrait décider d’attendre la fin de l’enquête ouverte par le parquet pour "viols sur mineurs" avant d’examiner la citation, ou bien d’accepter directement de se saisir de l’affaire. Il peut également la classer sans suite s'il estime que les faits sont prescrits ou les preuves insuffisantes.