La 2CV Citroën deviendra-t-elle le symbole du “Googleplex” français ? Un exemplaire de cette automobile trône en effet au milieu d'un grand open space au premier étage du nouveau siège de Google à Paris, et sur la plupart des photos qui illustrent l'inauguration des lieux.

Les “Googlers”, c'est-à-dire les salariés de l'entreprise, ont choisi comme objet ludique ce véhicule dont la vitesse et la puissance ne sont pas les caractéristiques essentielles, contrairement au moteur de recherche qui n'a besoin que de 0,40 seconde pour trouver 366 000 références sur “2 chevaux Citroën”, ainsi qu'il l'indique en haut de la fenêtre de résultat.

Afin de calmer le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui s'énervait d'une évasion fiscale coûteuse pour la France, les dirigeants du groupe américain ont bouclé en un an une centaine de millions d'euros d'investissement pour installer ce nouveau siège situé au 8, rue de Londres, dans le 9e arr.

Complété d'un institut culturel et d'un centre de recherche et développement, ce Googleplex (du nom du quartier général californien) devrait héberger quelque 450 salariés, contre 250 actuellement dispersés dans plusieurs bureaux parisiens.

L'opération a parfaitement réussi : plus du tout fâché, Nicolas Sarkozy est venu inaugurer ces locaux le 6 décembre au matin (voir notre actualité d'hier), reçu par Eric Schmidt, président exécutif du groupe, désormais commis aux relations publiques de prestige, qui a remis le couvert le soir pour Bertrand Delanoë, maire de Paris, venu dire combien il était heureux de l'initiative.

Installés sur 10 000 m2, dans un hôtel particulier très vieille France mais entièrement réaménagé, dotés d'équipements de travail, d'espaces de détente, de cuisines et de cours intérieures qui devraient favoriser leur épanouissement productif, les Googlers ont reçu leurs visiteurs d'un soir avec la bienveillance décontractée qui caractérise cette cash machine cool. La moyenne d'âge des salariés de ce géant de l'Internet confirme par comparaison que la presse et l'édition sont des activités matures.

Philippe Colombet, directeur de Google Livres France, a présenté pendant la soirée un de ces projets que les ingénieurs développent sur leurs 20 % de temps dédiés à l'imagination débridée : un carrousel de livres numériques projetés sur un écran tactile géant, dont l'affichage se recompose en quelques effleurements et qu'il est possible de télécharger instantanément sur une tablette. Il s'agit naturellement de livres libres de droit.

M. Colombet n'a bien sûr rien dit de l'ouverture en France de Google eBooks, la librairie numérique du moteur de recherche dont le développement offre quelques similitudes avec la conduite brinquebalante du véhicule sus-mentionné. Pas plus qu'il n'a évoqué, du moins avec la presse, le projet d'accord avec les éditeurs que le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, annonce comme quasi conclu.