Comme tous les matins, un bûcheron s’apprête à aller dans la forêt. Seulement voilà, sa hache a disparu. Après avoir retourné en vain la maison, il lorgne du côté du voisin. Bon sang, c’est bien sûr, c’est lui le coupable ! La preuve, il porte des chemises à carreaux maintenant, comme les hommes des bois, et des pantoufles comme les voleurs. Sans compter ces traces de boue près du camion qui ne peuvent être que… des indices. Nul doute, le voisin a fait le coup. "Rouche" de colère, le bûcheron est prêt à "ch’acharner" sur lui pour le "démachquer", quand soudain il chute et trébuche sur sa hache.
Dans cette histoire, notre homme n’est pas seul à perdre la raison, texte et image tombent eux aussi dans le délire. La langue se met à altérer les mots et à charger leur teneur en "h". Comme c’est "étranche" ! Ces débardeurs qui sèchent sur un fil, mais bien sûr, c’est une tenue de "camouflache" ! Et quelle viande se fait griller le voisin sur son barbecue ? On vous le donne en mille : du steack haché, bien sûr.
L’illustration aussi dégaine du "h" tous azimuts. "Hélache" toujours pas de hache, mais un grand "étalache" de lettres "h" : dans la broderie des charentaises, dans la forme des escaliers et des échelles, dans les jambes des salopettes qui sèchent sur le fil. Un véritable envahissement qui fait écho à la folie soupçonnante du bûcheron. Construit à la manière d’un film d’animation, cet album façon comics classique, tout en orange et vert rétro, nous emporte dans la spirale paranoïaque. On n’a qu’un mot : hachement bien ! Fabienne Jacob