Hugo Chavez ha muerto

Hugo Chavez

Hugo Chavez ha muerto

Le président du Venezuela est mort mardi à l'âge de 58 ans. Personnalité marquante du début de ce siècle, "Le Commandant" a inspiré de nombreux ouvrages. Bibliographie en pièce-jointe.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec ng (bibliographie) Créé le 15.04.2015 à 20h04

Hugo Chavez est mort mardi 5 mars à l'âge de 58 ans des suites d'un cancer, a annoncé ce mardi 5 mars en fin de journée le vice-président Nicolas Maduro à la télévision.

"Nous avons reçu l'information la plus dure et la plus tragique que nous pouvions annoncer à notre peuple. A 16h25 [21h55 à Paris], aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias", a déclaré M. Maduro. Le président vénézuélien était rentré à Caracas il y a deux semaines et avait été admis à l'hôpital militaire de la capitale après avoir été hospitalisé pendant plus de deux mois à La Havane (Cuba) où il a subi en décembre une quatrième intervention chirurgicale pour un cancer diagnostiqué en 2011 dans la région pelvienne.

Né le 28 juillet 1954 à Sabaneta, issu d'une famille modeste, il est admis à l'Académie militaire. Militant de gauche, admirateur du "Libérateur" Simon Bolivar, méprisant les élites du pays, il conceptualise son idéologie politique, le nationalisme bolivarien. Lieutenant-colonel, il profite des émeutes populaires de 1989 et de leurs conséquences pour faire un coup d'Etat, le 4 février 1992, qui échoue. Il est emprisonné. Une fois au pouvoir, Chavez fera du 4 février le "Jour de la dignité nationale".

15 ans de pouvoir

Amnistié, Hugo Chavez est en effet élu président en 1998 avec 56 % des suffrages. Par référendum , il fait voter une nouvelle constitution qui consacre la République bolivarienne du Venezuela. Le "Commandant" tel qu'il est nommé, est réélu trois fois, sans discontinuer. Il avait cependant bataillé en octobre 2012 pour garder son poste. Jamais un candidat de l'opposition n'était parvenu à le faire élire sous la barre des 56%.

Le contrôle de la justice et des médias ont contribué à une personnification du pouvoir. Grand orateur qui construisait son propre culte, il est incontestablement une figure majeure du début du siècle dont l'image était très controversée à l'étranger. L'Occident contestait sa dérive autoritaire et son mépris pour tous ses opposants, soulignant son agressivité et se moquant de son sens du spectacle. De nombreux livres (voir notre bibliographie en document joint) sont parus autour de cet homme d'Etat qui a légifiré pour s'octroyer des pouvoirs spéciaux. "La concentration du pouvoir autour de l'exécutif, la disparition des garde-fous institutionnels et l'érosion des droits de l'homme laissent au gouvernement toute latitude pour intimider, censurer et poursuivre les Vénézuéliens qui critiquent le président ou contrarient son agenda" notait un rapport de Human Rights Watch en juillet dernier.

Un bilan contrasté

Le bilan de Chavez est pour le moins contrasté. A la tête d'un empire pétrolier, le président a accentué la pétro-dépendance de son pays (plus de la moitié des recettes fiscales de l'Etat ; 80 % des exportations ) au détriment des autres secteurs, complètement délaissés. Ainsi, l'économie souterraine occupe plus de 40% de la population active et les pénuries alimentaires sont nombreuses. Mais il a aussi mis en place des programmes sociaux, éducatifs et sanitaires. Il a récemment lancé un grand plan permettant la construction de centaines de milliers de logements. Les taux de pauvreté, de chômage, d'analphabétisme ou la mortalité infantile ont sensiblement diminué sous sa présidence, expliquant ainsi une grande partie de sa popularité.

Les critiques sont pourtant nombreuses : ces programmes et ces missions, conçus pour des situations d'urgence, ne compensent pas les problèmes structurels et la répartition des richesses n'a pas évolué en 15 ans. Par ailleurs, l'insécurité a explosé.

Chavez s'est également fait remarquer dans sa stratégie diplomatique. Il a misé sur l'incarnation d'un nouvel ordre mondial multipolaire, s'opposant frontalement aux Etats-Unis. Profondément latino-américain, il a développé des liens étroits avec Cuba, la Bolivie et l'Equateur. Sous son régime, le Venezuela est devenu un pays non-aligné, se rapprochant de l'Iran, la Russie et la Chine, mais aussi de la Libye sous Kadhafi ou de la Syrie de Bachar Al-Aassad. S'isolant de plus en plus, Chavez a retiré son pays de nombreuses organisations internationales.

_____
Lire aussi:
Hugo Chavez prescripteur de livre

Les dernières
actualités