Record historique de vente pour Doki Doki
Du côté de Doki Doki, label manga créé par Bamboo en 2006, les équipes ont mis en place une stratégie payante: proposer moins de références mais posséder plus de quantités sur chaque titre. "Deux de nos séries - Street Fighting et Mushoku Tensei - ont été en rupture de stock dès le samedi soir", déclare Nazir Menaa, attaché de presse. Ces deux séries ont été lancées en exclusivité pour la Japan Expo. Au total, 400 exemplaires pour chacun de ses titres se sont écoulés pendant les quatre jours de la manifestation.
"Le vendredi, nous avons dépassé notre total de vente historique pour une seule journée", ajoute-t-elle, notamment grâce à Dédale, "Daruma" du meilleur scénario 2016 qui a entraîné d’autres achats, 1700 unités, "coffrets compris", ont été vendus contre une moyenne de 1500-1600 il y a dix ans.
Fréquentation en hausse pour les organisateurs, en baisse pour les éditeurs
Si une source interne au festival assure que la tendance de la fréquentation est à la hausse par rapport à l’année dernière, les éditeurs ont un ressenti différent quand on les interroge.
"Nous avons constaté une baisse de la fréquentation. Mais à la fin de chaque journée, alors que c’était mou en instantané, nos chiffres de ventes étaient en hausse", explique Nazir Menaa. Bien qu’il attende les chiffres certifiés de fréquentation, dévoilé d’ici septembre, pour comprendre ce phénomène, il tente une explication: "Les visiteurs économisent toute l’année et se lâchent pendant la Japan Expo. La fréquentation a diminué mais peut-être que les paniers moyens étaient plus importants".
Clarisse Langlet, attachée de presse chez Pika, a remarqué le même phénomène, "Une autre tendance de cette année : les gens ne viennent plus pour recevoir des conseils mais directement avec une liste d’achat", observe-t-elle. Du côté des ventes, Pika reste sur des chiffres stables mais s’estime satisfait. "Nous n’avions pas d’auteurs japonais invités, donc on pourrait dire que c'est une progression", affirme-t-elle. Dès le jeudi soir, la maison était en rupture de stock des 50 exemplaires initiaux de Your Name et a dû être réapprovisionnée de 200 autres. "Nous avons tout écoulé, et avons été en deuxième rupture de stock le dimanche", se souvient l’attachée de presse ajoutant que "c’est LE succès de cette édition".
L'explication à cette contradiction constatée entre les ventes et la fréquentation vient peut-être de Victoire de Montalivet, attachée de presse chez Ki-Oon. Si elle aussi note le "record historique" qui a vidé ses stocks (notamment pour Mémoires de Vanitas, Im, Grim Mechanic et My Hero Academia), ses libraires ont remarqué une "meilleure fluidité du public", qui ne serait pas due à une baisse de la fréquentation mais à des "allées élargies et à une autre répartie des stands d’animation."
Nouveauté ou exclusivité?
De son côté, Kana a misé sur deux nouveautés : The Grim Reaper et Fire Force, sorti une semaine avant "afin de respecter les libraires", explique Christel Hoolans, directrice générale déléguée. Sur le stand, Alexia, libraire, assure qu’ils n’ont "presque pas de fonds de catalogue. C’est la première fois que nous misons autant sur les nouveautés". L’objectif est clair : recruter des lecteurs pour les nouvelles séries. Selon Christel Hoolans, "le public vient pour les goodies, les nouveautés et les exclusivités".
Bien que la directrice générale déléguée affirme que le week-end "s’est bien passé", les ventes "n’explosent pas". "C’est plutôt stable", convient-elle, ajoutant que l’année prochaine, ils reviendront aux exclusivités pour compenser les "coûts colossaux" qu’engendrent la tenue du stand et les animations.
Pour Glénat, le week-end fut aussi faste: "C’était notre meilleure édition en terme de ventes et nous avons amélioré nos chiffres de 12% par rapport à 2016", assure Satoko Inaba, la directrice éditoriale manga de la maison. Les exemplaires de l'édition collector de One Piece 83, tout comme le premier tome de Dragon Ball Super, ont été intégralement écoulés durant les quatre jours. "D’autre part, la distribution d’un chapitre gratuit a permis à des titres plus récents comme Les Enfants de la baleine ou Le Couvent des damnées d’intéresser un grand nombre de nouveaux lecteurs, tandis que des cadeaux exclusifs en provenance du Japon sur les séries shojo Masked Noise et Baby-sitters ont également pu s’attirer la faveur des lectrices. Toutes ces séries ont été confrontées à des ruptures, alors que nous avions prévu un stock assez conséquent", ajoute Satoko Inaba.
Curiosité pour le light novel
Chez Ototo et Ofelbe, deux "véritables moteurs" des catalogues ont remporté un succès attendu : Re:Zero et Sword Art Online. "Pour Re:Zero, nous avions mis en place un espace Photocall où les visiteurs pouvaient venir se prendre en photo avec leurs personnages favoris en taille réelle. Cet espace n’a pas désempli durant les quatre jours du salon et cela s’est confirmé dans les ventes des volumes de la série qui ont très bien fonctionné", affirme Louis-Baptiste Huchez, directeur de collection chez Ototo et Ofelbe. Malgré le succès de Re:Zero, c’est Sword Art Online Artbook de Reki Kawahara et d’Abec, qui a "remporté la palme de la meilleure vente".
Les deux séries font l’objet d’une série en manga et en light novel, un type de roman japonais pour jeunes adultes composé de paragraphes courts sous forme de dialogues et d'illustrations. La présence des deux labels sur le même stand permet de faire de la "cross-promotion" (promotion croisée) entre les deux genres, "comme cela se fait davantage au Japon", explique Louis-Baptiste Huchez, directeur de collection dans les deux structures.
Le genre du light novel draine un public curieux. "Nous avons eu beaucoup de visites sur le stand et de nombreuses questions" à ce sujet, assure Louis-Baptiste Huchez, ajoutant que "même si cela ne se traduit pas forcément en vente, l’objectif de notre présence à la Japan Expo est de montrer qu’on existe au sein de ce marché hyper concurrentiel".