Escape Game et grand écran
Journée la moins chère des quatre jours de Salon, le jeudi est en général un jour de grosse d’affluence, synonyme de bonnes ventes. Mais cela fonctionne mieux quand la date tombe sur des vacances scolaires: ce qui n’est pas le cas cette année. Les éditeurs jugent tout de même que cette première matinée se passe bien. "C’est un début de Salon calme, sans marée humaine; mais on n’arrête pas de vendre", se satisfait-on aux éditions Kana. Les éditeurs misent toujours plus sur les animations pour attirer les visiteurs. Chez Kana, on est fier de montrer son "escape game": dans un petit chalet, les visiteurs doivent trouver la clé d’une pièce décorée façon 18e siècle, fidèle à l’ambiance du manga Moriarty. Une série parmi celles qui se vendent le mieux aujourd’hui. Du côté des éditions Kurokawa, certaines suites marchent fort, comme le tome 8 de la série Arslân, sorti fin mai. Un grand écran, à côté du stand, plonge les visiteurs dans l’ambiance du manga Goblin Slayer, dont la parution est prévue le 13 septembre, annonce-t-on.
Sur un côté du stand, des jeunes gens patientent dans une file longue d’une quinzaine de mètres. "On vient voir Sora!". Le graal: un selfie ou une dédicace avec ce jeune youtubeur de jeux vidéos, passionné par les mangas. S’agissant des mangakas, les dédicaces fonctionnent aussi très bien pour les ventes. Ce matin, Pika Editions a fait venir Reno Lemaire, l’auteur de Dreamland, et son cousin Romain Lemaire, à qui l’on doit la série Everdark, pour un "draw battle". "Il y a eu une belle dynamique sur le stand toute la matinée", résume-t-on chez Pika.
Danse folklorique et free hugs
Au détour d’une allée, plus d’une centaine de spectateurs observent, fascinés, une démonstration de "danse folklorique": sur la scène, des danseurs en habits traditionnels chorégraphient un combat de sabre. Non loin de là, s’alignent sur un stand une centaine de sabres, de tailles et de couleurs différentes. Comme à chaque édition, les visiteurs rivalisent de créativité pour leurs déguisements: on croise des ours, des jeunes armés de grands bâtons, des robes où sont accrochées des ailes d’anges, des masques extravagants. Un grand homme enveloppé dans un drap taché de sang porte une pancarte "free hugs" ("câlins gratuits"), comme de nombreux autres jeunes gens, qui se prennent les uns les autres dans les bras.
Le public qui se rend à la Japan Expo est autant passionné qu’averti. Les visiteurs arrivent souvent avec une liste précise de leurs envies, connaissent les catalogues des maisons d’éditions, se renseignent sur les dernières sorties. "Chaque année, lorsqu’ils viennent faire leur stock, ils me reconnaissent et me disent bonjour, ils poussent la fidélité jusque-là !", sourit Saloua, éditrice chez Kazé. Grâce ce public éclairé, "les mangas de niche fonctionnent bien mieux ici qu’en librairie", ajoute-t-elle: "car leurs acheteurs viennent exprès au Salon pour chercher cela". Il en va ainsi des mangas aux histoires complexes et thématiques dures, réservés aux adultes. Ou de leur collection de "Boy’s Love", ces Yaoi avec des histoires tournant autour de couples homosexuels, "même si le genre comporte de plus en plus de titres disponibles… et gagne donc en exigence de qualité, poussé par des lecteurs plus nombreux!".