L'Académie française s'ouvre aux arts populaires en accueillant jeudi le scénariste et parolier de chansons populaires Jean-Loup Dabadie, 70 ans. Les académiciens l'ont d'ailleurs élu le 10 avril 2008 dès le premier tour, par 14 voix contre deux, au fauteuil de l'écrivain Pierre Moinot.
“Entrer à l'Académie est un immense honneur. Je ne rejoins pas la Coupole seul : j'y entre avec mes interprètes et les personnages de mes chansons et de mes films”, confiait-il le 28 février à l'AFP après avoir reçu une Victoire d'honneur lors de la cérémonie des Victoires de la musique.
L'Académie lui a déjà attribué son Grand prix du cinéma “pour l'ensemble de son oeuvre” en 1983. Il a aussi reçu deux Grand prix de la Sacem et le prix Henri Jeanson de la SACD.
Figure incontournable de la culture des années 60 et 70, il a travaillé avec les plus grands du cinéma (Claude Sautet, Yves Robert, François Truffaut) et de la chanson française (Julien Clerc, Michel Polnareff, Yves Montand, Serge Reggiani). Il est surtout connu pour sa collaboration avec son ami, l'humoriste Guy Bedos, pour lequel il écrit la plupart de ses sketches les plus connus. En 1958, il a publié son premier roman, Les Yeux secs, au Seuil, qui éditera aussi Les dieux du foyer, La famille écarlate, Violette et François, et Clara et les chics types.
L'Académie fait ainsi entrer celui qui a décrit de façon précise la France des années de crise. Une France moyenne avec la crise économique, le chômage, les ruptures en toile de fond qui s'oppose à une France de l'amitié, essentiellement masculine. Un monde de chefs d'entreprises à la dérive, de cadres licenciés, de jeunes qui débutent et de couples éclatés qui s'oppose à une France de l'amitié, essentiellement masculin. Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, son écriture et son regard semblent moins en phase avec l'évolution de la société et ses succès se raréfient.
Après l'élection de Simone Veil le 20 novembre 2008, un seul fauteuil, sur 40, reste désormais à pourvoir à l'Académie française. Jean-Loup Dabadie pourra d'ailleurs voter pour la première fois avec ses collègues académiciens dès le 26 mars pour tenter de trouver un successeur à l'écrivain Maurice Rheims. Une élection pour laquelle déjà neuf candidatures ont été enregistrées.