Meurtre au couvent. En 1631, près de Florence où vit Galileo Galilei, la peste fait rage. Le couvent des clarisses San Matteo in Arcetri, où le savant et philosophe a placé ses deux filles, défraye la chronique. On dit que les moniales ne mènent pas tout à fait la vie cloîtrée à laquelle elles se sont vouées, que certaines, disposant d'une cellule particulière, y reçoivent même des hommes, moyennant pécule. Une façon d'améliorer un ordinaire plus que spartiate − les sœurs ont aussi fait vœu de pauvreté. Elles grelottent l'hiver et meurent littéralement de faim. Mais ce n'est pas de faim qu'est morte Agnese, une jeune sœur mystérieuse, hautaine, protégée de la supérieure, qui menait d'intrigantes recherches. Son corps a été retrouvé défenestré au pied du beffroi, là même où Galilée a installé son télescope pour mieux observer les constellations. Le mathématicien est appelé à mener l'enquête avec le chanoine Cini, son ancien élève, dépêché par Ferdinand II de Médicis, grand-duc de Toscane. Bien vite, Galilée va comprendre qu'il ne s'agit pas d'un accident ni d'un suicide. La moniale a bien été assassinée. Par qui, pourquoi ?
Il faudra au tandem bien de la patience pour vaincre l'omerta qui règne entre les murs du couvent. Maria Celeste, la fille aînée de Galilée, aide volontiers son père, dont elle est en train de recopier le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde - texte très attendu par le grand-duc et le pape Urbain VIII, fan de l'astronome, comme par les Jésuites et l'Inquisition. Arcangela, la cadette, passe quant à elle son temps à vitupérer et à maudire son géniteur de l'avoir placée dans cette triste condition.
Les intrigues se mêlent, jusqu'à un dénouement inattendu. Et Galilée encourra finalement les foudres des autorités, de l'Inquisition. Son livre sera interdit en 1632, et lui-même assigné à résidence. Sans sœur Agnese, il ne serait pas parvenu à démontrer que la Terre tourne autour du Soleil et sur elle-même. À l'époque, cette évidence était une hérésie. Marco Malvaldi, chimiste de formation, met toute cette histoire en scène avec virtuosité et humour, n'hésitant pas à y mêler des anachronismes et quelques digressions de son cru. Ainsi que des exposés scientifiques et philosophiques, dignes du Nom de la rose. On n'en est pas loin.
Obscure et céleste
Seuil
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 22,90 € ; 352 p.
ISBN: 9782021552744