Expérimentée depuis plus de dix ans en Nouvelle-Aquitaine et dans les Hauts-de-France, puis généralisée à toutes les régions dans le cadre du plan de relance 2021-2022, l'opération "Jeunes en librairie" fait ses premiers pas en Centre-Val de Loire.
"Lecture plaisir"
Depuis le 1er septembre, les candidatures sont en effet ouvertes pour les enseignants qui souhaitent proposer un projet, annonce Ciclic, l'agence du Centre-Val de Loire pour le livre et l'image qui développe à l'échelle régionale ce dispositif s'adressant aux collégiens, lycéens et apprentis. Si leur dossier est retenu, deux rencontres au moins seront organisées entre la classe et une librairie partenaire. Comme le prévoit le programme porté par les ministères de la Culture et de l'Éducation, la première rencontre se déroule dans l’établissement scolaire, où le libraire vient parler de son métier et de la chaîne du livre ; la seconde, dans la librairie, où chaque élève participant dépense comme il le souhaite un bon d’achat d’une valeur de 30 euros.
"C'est une bonne façon de sensibiliser les jeunes à la "lecture plaisir", de dépasser la lecture scolaire qui est souvent la première approche pour ceux qui n'ont pas de livres à la maison", estime Céline Fabre dont le poste de coordinatrice, qu'elle occupe depuis juin 2021, a pu être créé grâce au budget annuel de 90000 euros alloué par la Drac Centre-Val de Loire aux "Jeunes en librairie". Pour rappel, le gouvernement prévoit 3,5 millions d'euros annuels pour l'extension du dispositif à l'ensemble du territoire.
Intégrer les zones isolées
Pour cette première édition en Centre-Val de Loire, 43 librairies et Maisons de la presse se sont inscrites, dans tous les départements de la région. Soulignant la volonté de Ciclic "d'intégrer les endroits isolés tout en ayant une offre satisfaisante pour les élèves", Céline Fabre admet quelques défis pratiques. "Certaines Maisons de la presse ont très peu de livres, parfois pas assez pour que les élèves achètent 30 euros de livres", précise-t-elle.
Côté scolaire, 40 classes, au moins, pourront participer à l'opération à raison d'une à deux classes maximum par librairie. "C'est un vrai engagement pour les libraires indépendants qui sont très occupés, mais cela leur apporte aussi de l'argent à court terme grâce aux bons d'achat et un nouveau public sur le plus long terme", poursuit la coordinatrice. Le ministère de l'Économie classe d'ailleurs la généralisation du dispositif parmi les mesures de soutien aux entreprises prévues dans le plan de relance.
Vers une pérennisation du programme ?
Si l'enseignant le souhaite, une troisième rencontre peut être organisée avec un professionnel du livre (auteur, éditeur…), ou bien une activité telle qu'un atelier d’écriture. "L'un des buts est aussi l'orientation des élèves en leur présentant les métiers du livre et en leur montrant que c'est un monde accessible", explique Céline Fabre. "Au fur et à mesure, nous aimerions agrandir et adapter cette opération en fonction des besoins des librairies et des Maisons de la presse qui se trouvent souvent dans des zones rurales et qui peuvent apporter quelque chose à leur échelle", indique-t-elle.
Le programme, qui bénéficie d'un accompagnement national pour deux ans seulement (jusqu'à nouvel ordre du moins), a déjà fait ses preuves dans les régions pionnières. Débutée en 2006 en Nouvelle-Aquitaine sous le nom de "Courant Livre chez mon libraire", avant d'être rebaptisée "Jeunes en librairie" en 2016, l'expérimentation avait impliqué à cette date près de 20000 élèves, 700 classes et 32 librairies partenaires. Sur les seules années 2018/2019, 4295 élèves ont participé, ainsi que 122 établissements scolaires et 47 libraires partenaires, selon l'association régionale des librairies indépendantes.
Dans toutes les régions, le financement de projets "Jeunes en librairie" devra intervenir au plus tard d'ici fin 2021. Malgré un cadre commun, des spécificités locales apparaissent dans les projets en cours. En Normandie, sous le nom de "Coup de jeunes en librairie !", le dispositif se décline en deux options. Dans le parcours "coups de cœur", une sélection d'ouvrages est proposée par le libraire partenaire à la lecture des élèves qui désignent leur "coup de cœur" et réalisent une vidéo créative pour en faire part. À partir de la 4e, les enseignants peuvent aussi concevoir un projet culturel de découverte des métiers du livre.