Vous prenez la présidence du réseau Initiales pour trois ans. Quels objectifs vous êtes-vous fixé ?
Je m’inscris dans la continuité de Wilfrid Séjeau qui a présidé pendant six ans le groupement. Nous allons donc poursuivre la politique active de recrutement qui nous a permis de dépasser la cinquantaine d’adhérents cette année et d’accentuer la variété de nos profils. Nous rassemblons désormais des librairies de toutes tailles, ce qui crée une forme de solidarité et offre des regards variés et riches sur la profession. La formation, et notamment celle des jeunes libraires, constitue le second axe de mon travail. Je souhaite que nous formalisions l’échange entre librairies, qui se fait aujourd’hui de manière spontanée entre nos adhérents, et que nous accentuons nos partenariats avec les éditeurs afin d’appréhender en profondeur leur fonds.
Comment votre réseau se positionne par rapport à d’autres groupements ?
Nous jouons chacun notre partition mais sur des registres différents. Pendant le confinement, le Syndicat de la librairie française (SLF) a mené un grand travail d’accompagnement et de suivi. Chez Initiales, on a surtout senti l’importance du lien humain. Des associations comme la nôtre dessinent d’autres niveaux de mutualisation. La solidarité professionnelle, le partage et l’échange des bonnes pratiques comme des difficultés font notre force. La crise sanitaire nous en a démontré l’importance.
Alors que se prépare un Noël particulier, quels enjeux voyez-vous se dessiner pour la librairie ?
La fin d’année est en effet dans beaucoup de têtes. Les solutions imaginées par les libraires seront forcément différentes mais la volonté de trouver une forme d’organisation dans les achats et de favoriser la vente à distance se dégage nettement. Elle reflète cette situation paradoxale que nous vivons depuis le 11 mai. Alors que nous luttions pour notre survie depuis des années, nous sommes l’un des commerces qui se sort le mieux de cette crise sanitaire. Mais cela ne doit pas masquer un sujet préoccupant : la concurrence des plateformes de streaming, comme Netflix ou Disney, qui provoque un délaissement de la lecture chez de nombreux ados et même chez certains de nos gros lecteurs.